2019-nCoV : Les villes les plus menacées par la propagation du virus
Cette équipe de l’Université de Southampton a analysé la propagation mondiale possible du nouveau coronavirus, mais d'un tout autre point de vue : pour la première fois, les scientifiques prennent en compte, dans leur modèle, les déplacements de population, notamment aériens, et liés aux célébrations du Nouvel An Chinois. Cette analyse à date sur la propagation probable du coronavirus, qui prend également en compte les récentes restrictions de déplacements et le confinement dans la ville de Wuhan, aboutit à une liste de 18 villes de Chine continentale et de 30 grandes villes internationales particulièrement menacées sur la prochaine période de 3 mois.
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La propagation du nouveau coronavirus est une situation qui évolue rapidement, écrivent les chercheurs. Pour preuve, les 1.500 nouveaux cas confirmés sur ces dernières 24 heures selon les derniers rapports de l’OMS et des Autorités sanitaires chinoises. Pour pouvoir anticiper, d’une certaine manière, la propagation de l’épidémie, « il est essentiel de comprendre les modèles de mouvement des populations, à la fois en Chine et dans le monde » (Visuel 1), précise Andrew Tatem, directeur de WorldPop et professeur en géographie et sciences de l'environnement à l'Université de Southampton.
Une analyse basée sur les schémas de voyage plutôt que sur les caractéristiques virales
Pour aboutir à ces projections, les chercheurs de Southampton, en collaboration avec des collègues de l'Université et de l'Hôpital St Michael de Toronto, de l’Organisme de surveillance des maladies Bluedot (Toronto) et du China Center for Disease Control and Prevention, ont analysé des centaines de milliers de données de téléphone portable et d'adresse IP anonymisées (2013-15), ainsi que des données sur les voyages aériens internationaux (2018). A partir de là , les chercheurs ont pu reconstituer les mouvements de population en Chine et dans le monde, au cours de cette période de l’année qui recouvre les Fêtes du Nouvel An chinois. L’équipe a pu identifier ainsi 18 villes chinoises dont Wuhan à risque élevé d’exposition au nouveau coronavirus, estimer le volume de passagers aériens susceptibles de voyager de ces villes vers des destinations mondiales et identifier les pays et les villes les plus à risque de contamination dans le monde.
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En Chine continentale, les villes de Pékin, Guangzhou, Shanghai et Chongqing sont toutes identifiées comme à risque élevé par les chercheurs, ainsi que les provinces chinoises de Guangdong, Zhejiang, Sichuan et Henan (Visuel 2).
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Les pays et villes internationales à haut risque : sur la base du nombre de voyageurs aériens qui devraient y arriver depuis les villes et les provinces les plus touchées de Chine continentale, les experts en cartographie des populations révèlent que :
- Les pays ou régions les plus à risque dans le monde sont la Thaïlande (1), le Japon (2) et Hong Kong (3). Les États-Unis sont classés 6e sur la liste, l'Australie 10e et le Royaume-Uni 17e.
- Parmi les 30 autres grandes villes internationales classées par ordre de risque décroissant, Bangkok (Thaïlande) est actuellement la ville la plus exposée à une propagation mondiale du virus ; Hong Kong (Chine) est 2è sur la liste, suivi de Taipei (Taiwan, République de Chine) , Sydney (12), New York (16), et Londres (19).
- Paris est « classée » en 27è place.
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En recensant ces tendances et en identifiant les zones à haut risque, cette étude axée sur les déplacements plus que sur les caractéristiques du virus -encore largement inconnues à ce jour- va contribuer sans doute à mieux cibler les interventions de santé publique.