2019-nCoV : Pour ralentir l’épidémie, concentrez-vous sur le lavage des mains
L’hygiène des mains, on « en reparle » à chaque épidémie. Mais qu’a-t-on mis en œuvre pour la rendre plus accessible dans les lieux publics ? Pourtant, améliorer le taux de lavage des mains dans seulement 10 grands aéroports pourrait ralentir considérablement la propagation de nombreuses maladies infectieuses dont l’épidémie de pneumonie liée au nouveau coronavirus nCoV. Cette étude du MIT (Massachusetts Institute of Technologie) démontre dans la revue Risk Analysis l’étroite corrélation entre un lavage des mains dans les règles et le contrôle de l’épidémie : si 60% des voyageurs avaient les mains exemptes de germes, la propagation de l’épidémie serait ralentie de 70% !
La recherche, basée sur une modélisation épidémiologique comme les récentes études de prévision de propagation du virus, apporte un rappel très précieux d’une mesure considérée comme basique mais qui, au sein des multiples et nouvelles directives publiées au fil de l’épidémie, a tendance a être oubliée. Ses conclusions, associées aux maladies infectieuses en général dont la grippe, ont été publiées en décembre 2019, juste au début de l’épidémie de coronavirus à Wuhan. Ses résultats s'appliquent soulignent les chercheurs, à la propagation du 2019-nCoV et sont dont pertinents et précieux pour contrer l’épidémie actuelle qui poursuit sa propagation avec, au 11 février 2020, plus de 43.000 cas confirmés et plus de 1.000 décès (Source : GISAID).
Dans un aéroport, 80% des voyageurs transmettent des germes
L’équipe du MIT base ici sa simulation sur de nombreuses données telles que les vols mondiaux, leurs durées, distances et transferts, l’estimation des temps d'attente dans les aéroports et les données d'interactions des voyageurs avec différents éléments de leur environnement et avec d'autres voyageurs.
Le lavage des mains, une mesure de base en toutes circonstances : les chercheurs rappellent que se laver les mains, dans un aéroport et en cours de transfert ou de voyage n’est pas forcément la priorité des voyageurs. Cependant les aéroports constituent des ruches « surpeuplées » avec de multiples surfaces touchées par des milliers de voyageurs, jamais ou presque jamais nettoyées, comme les accoudoirs de chaise, les bornes d'enregistrement, les plateaux de contrôle de sécurité, les poignées de porte ou encore les robinets des toilettes. De précédentes recherches, en particulier celles de l'American Society for Microbiology (citées par les auteurs), estiment à seulement 20% la proportion de voyageurs dans les aéroports qui ont lavé au moins une fois leurs mains, au cours de la dernière heure et dans les règles de l’art : avec de l'eau et du savon, pendant au moins 15 secondes. 80% des voyageurs contaminent tout ce qu'ils touchent avec les germes dont ils sont porteurs.
Seuls 20% des voyageurs ont les mains exemptes de germes : 30% des voyageurs qui vont aux toilettes ne se lavent pas les mains, sans doute par manque de temps, de place et d’accès aux lavabos ou simplement par manque « d’éducation ». Parmi ceux qui se lavent les mains, seuls 50% le font correctement. Ces taux insuffisants de lavage des mains, combinés aux estimations de l'exposition aux surfaces contaminées dans un aéroport, conduit l’équipe de recherche à estimer que seuls 20% des voyageurs ont les mains exemptes de germes.
Tripler ce taux de lavage, c’est réduire la propagation des 2 tiers : c’est-à-dire mettre en œuvre des mesures pour afin que 60% des voyageurs aient les mains propres à tout moment, aurait un impact considérable, soit un ralentissement de 70% de la propagation mondiale de la maladie. Cependant déployer de telles mesures dans tant d'aéroports et atteindre un niveau de conformité aussi élevé peut sembler impossible. C’est ici que la simulation devient surprenante : appliquer de telles mesures dans seulement les 10 aéroports les plus importants en fonction de la source de l’épidémie virale permettrait de ralentir la propagation de la maladie de 37%.
Même une petite amélioration pourrait faire la différence, ajoutent les chercheurs : Augmenter la prévalence de mains propres dans tous les aéroports du monde de seulement 10%, ce qui semble atteignable à l’aide de messages audio, d’affiches, d’accès élargi aux lavabos, pourrait ralentir le taux mondial de propagation d'une maladie d'environ 24%.
Le message et le défi de cette étude serait donc d’obtenir une augmentation de l'hygiène des mains grâce à de nouvelles approches en matière d'éducation. Un rappel conforme aux recommandations des US Centers for Disease Control (CDC) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces deux organisations ont déjà rappelé que l'hygiène des mains est le moyen le plus efficace et le plus rentable pour contrôler la propagation de l’épidémie.
Cependant, ici, avec cette étude de modélisation on mesure bien tout l’enjeu d'une meilleure hygiène des mains, ciblée dans "quelques aéroports", pour atténuer la propagation de l’épidémie mondiale.