ACCOUCHEMENT: Une femme sur 3 en ressort avec un stress post-traumatique
En cause, l'épreuve du travail lors de l’accouchement, selon cette étude de l’Université de Tel Aviv (TAU) qui conclut qu’une femme sur 3 souffrirait de stress post-traumatique (SSPT) après son accouchement. La recherche, publiée dans le Israel Medical Association Journal (IMAJ) alerte sur une réalité ou une perception douloureuse de l'accouchement, considéré comme un « événement traumatique » encore par un grand nombre de femmes.
Ainsi, les naissances naturelles seraient une cause majeure de stress post-traumatique, un syndrome qui se développe à la suite de situations très traumatisantes telles qu’une attaque terroriste ou un accident de voiture, mais qui peut également se produire après des événements « de la vie normale », comme l'accouchement. Les chercheurs de l'Université de Tel-Aviv constatent qu'environ un tiers des femmes post-partum en présentent certains des symptômes et qu’un plus petit nombre d’entre elles développera un SSPT à part entière à la suite du travail. Ce résultat surprenant indique une prévalence relativement élevée du syndrome, relève le professeur Raël Strous de la faculté Sackler de la TAU. Parmi les femmes qui ont développé ces symptômes post-traumatiques, 80% avaient opté pour l'accouchement naturel, sans prise en charge de la douleur. D'autres facteurs importants identifiés sont l'image du corps de la femme, l'inconfort de rester dévêtue durant la période relativement longue du travail, la césarienne, la peur pendant le travail, et les complications.
Une crainte générale justifiée : Bien que l'accouchement ne soit pas un événement soudain et inattendu comme un accident, il s'accompagne toujours d'une crainte justifiée de risques, voire de danger, des femmes enceintes qui s'inquiètent à la fois pour leur propre sécurité mais aussi pour la santé et le bien-être de leurs bébés. Les chercheurs ont interviewé 89 femmes en post-partum, âgées de 20 à 40 ans, dans les 2 à 5 jours après l'accouchement, puis à nouveau un mois après l'accouchement. Ils constatent que 26% de ces participantes présentent des symptômes de stress post-traumatique, 8% d'entre elles souffrent de stress post-traumatique partiel et 3,4% de stress post-traumatique à part entière. Les symptômes comprennent des flashbacks du travail, l'évitement de la discussion sur l'accouchement, des palpitations cardiaques au cours de ces discussions, et une réticence à envisager d'avoir un autre enfant.
La douleur, facteur majeur de SSPT : Selon le professeur Strous, l'un des facteurs les plus influents reste la douleur lors de l'accouchement. Parmi les femmes qui présentent un SSPT partiel ou confirmé,
· 80% n'ont en effet bénéficié d'aucune prise en charge de la douleur durant leur accouchement.
· Plus la douleur ressentie a été sévère, plus le risque de développer un SSPT post-partum est élevé, ajoute l'auteur principal.
· Parmi les femmes qui n'ont pas de SSPT, seule une sur 2 a vécu un accouchement naturel.
· 80% des femmes atteintes de SSPT rapportent un inconfort d'être restées nues,
· 67% ont déjà eu des grossesses décrites comme traumatisantes,
· La peur du travail est également évoquée,
· des facteurs tels que le statut socioéconomique, l'état matrimonial, le niveau d'éducation, et la religion n'ont aucun effet.
Comprendre les facteurs de risque possibles pour le développement de symptômes post-traumatiques et trouver les moyens de les minimiser suppose que les médecins puissent connaître le profil des femmes les plus vulnérables, et être à l'affût des premiers symptômes avant-coureurs après l'accouchement. De nouveaux protocoles, en particulier sur la prise en charge de la douleur, de l'intimité et des peurs, doivent être développés. « La dignité est un facteur qui doit être pris en compte. C'est une question d'éthique et de professionnalisme, et nous constatons ici ses ramifications physiques et psychologiques», conclu l'auteur.
Source: IMAJ 14: June: 347-353 « Postpartum Post-Traumatic Stress Disorder symptoms: The Uninvited Birth Companion » (Visuel Fotolia)
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