ALCOOL: Ils parviennent à dégriser le rat alcoolodépendant
Ces scientifiques de La Jolla (Californie) montrent qu’il est possible d’inverser la dépendance à l'alcool, ici chez des modèles animaux d’alcoolodépendance. L'approche est toute nouvelle et originale : elle consiste à cibler spécifiquement un réseau de neurones qui se construit et s'active avec la consommation d'alcool. Les conclusions, à paraître dans le Journal of Neuroscience montrent à la fois que la consommation régulière d'alcool va induire et activer un circuit neuronal spécifique mais que ce circuit, en s’activant, favorise à son tour la consommation d'alcool et la dépendance. C’est comme, écrivent les auteurs, « si le cerveau traçait un chemin particulier entre l'alcool et la récompense ».
Les chercheurs du Scripps Research Institute (Visuel ci-contre) ont regardé s'il était possible de réguler ou d'influencer ce réseau neuronal spécifique. Un réseau, qui chez les rats, comme chez les hommes, ne mobilise qu'environ 5% des neurones présents dans l'amygdale centrale du cerveau. Sur des rats modèles d'alcoolodépendance, conçus pour exprimer une protéine particulière permettant de distinguer les neurones activés par l'alcool, l'équipe reconstitue, à partir de ces marqueurs protéiques, la formation de ces circuits dans le cerveau. Et lorsqu'ils inactivent ces neurones spécifiques chez l'animal, celui-ci cesse immédiatement sa consommation et sa recherche d'alcool, abandonne son comportement compulsif, et l'effet perdure plusieurs semaines…L'expérience répétée 2 puis 3 fois aboutit toujours au même résultat.
Les rats conservent cependant leur système de récompense intact, puisqu'ils restent motivés par la consommation d'eau sucrée. Cela suggère que les scientifiques sont bien parvenus à désamorcer les neurones spécifiquement activés par l'alcool et non l'ensemble du système de récompense. De plus les rats semblent protégés contre les symptômes physiques négatifs du sevrage. Binge drinking ou excès réguliers, des différences dans le cerveau : les chercheurs parviennent à déterminer des modèles spécifiques caractéristiques des différents modes de consommation excessive.
Suivre la formation des circuits neuronaux au fil du temps et de la consommation : chez des rats modèles de consommation d'alcool mais non encore dépendants, éteindre les « neurones de l'alcool » entraîne peu d'effet sur la consommation future : le chemin du cerveau de l'alcool à la récompense n'a pas été encore tracé. Il reste donc aux chercheurs à suivre précisément la formation des circuits neuronaux activés au fil du temps et de traduire toutes ces données en thérapie clinique. Car « il reste très difficile de cibler une si petite population de neurones dans le cerveau ».
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