ALCOOL: A l'adolescence, quelques excès suffisent à créer la dépendance
Chaque fois le cerveau se prépare à boire encore plus. Cette précédente étude du Scripps Research Institute montrait déjà que l’abus d’alcool, par intermittence, entraîne encore plus d’alcool et ouvrait déjà une fenêtre de connaissance sur le développement précoce du processus de dépendance. Un processus extrêmement préoccupant, chez les adolescents dont le cortex préfrontal n'est pas encore pleinement développé, confirme cette nouvelle étude de l’Inserm -menée sur l’animal- publiée dans l’édition du 31 décembre de la revue Neuropharmacology. Les chercheurs du Groupe de Recherche sur l’Alcool et les Pharmacodépendances (GRAP) de l’Inserm, rappellent ainsi que la pratique du binge drinking constitue un facteur de vulnérabilité majeur pour développer ensuite une dépendance à l’alcool. Pour mieux comprendre ce mécanisme du binge drinking à l’alcoolisme, les chercheurs ont évalué l'effet d’une intoxication à l'éthanol sur des rats, à un niveau équivalent au binge drinking chez l’’ado. Tous les 2 jours et durant 14 jours, ces rats ont reçu une injection d'éthanol (3,0 g / kg), soit du 30ème jour après la naissance (et jusqu’au 43è jour) ce qui correspond au début de l'adolescence chez le rat, soit du 45ème jour (et jusqu’au 58ème jour) ce qui correspond à la fin de l'adolescence.
A l'adolescence, les intoxications induisent des adaptations de comportement et neurologiques : Les chercheurs constatent qu'alors que ces intoxications à l'éthanol n'ont aucun effet sur le libre choix de consommation d'éthanol à 10% à la fin de l'adolescence, mais, au début de l'adolescence, en revanche, elles motivent nettement les rats à consommer à nouveau de l'éthanol accessible en poussant sur un levier (schéma ci-contre).
Enfin, lorsque les chercheurs examinent le noyau accumbens, une région du cerveau particulièrement impliquée dans les comportements addictifs, ils constatent, toujours chez les rats intoxiqués au début de l'adolescence, des neuro-adaptations induites par les injections d'éthanol, qui limitent leur réponse à l'alcool, suggérant ainsi le développement d'une dépendance. Cette vulnérabilité à l'abus de l'éthanol est également associée à des altérations de 2 gènes connus pour jouer un rôle crucial dans la dépendance à l'alcool.
Des changements de comportements et neurologiques qui interviennent après seulement quelques « abus », et qui suggèrent que chez le jeune adolescent quelques épisodes de binge drinking pourraient suffir à créer la dépendance.
Source: Neuropharmacology doi.org/10.1016/j.neuropharm.2012.12.007 online 31 December 2012 Alcohol intoxications during adolescence increase motivation for alcohol in adult rats and induce neuroadaptations in the nucleus accumbens
Lire aussi: L'abus d'ALCOOL modifie durablement les neurones –
BINGE DRINKING: Chaque fois le cerveau se prépare à boire encore plus –
Accéder au Dossier Alcoolodépendance, prévention, pathologies et traitements Pour y accéder, vous devez être inscrit et vous identifier
Autres actualités sur le même thème
-
ADDICTION et COGNITION : Un peu plus d’alcool, un peu moins de cervelle
Actualité publiée il y a 2 années 9 mois -
TOXICOMANIE: La dépendance a sa voie de neurotransmission
Actualité publiée il y a 10 années 5 mois -
TABAC, ALCOOL, les ados européens 2 fois plus addicts que les jeunes américains
Actualité publiée il y a 12 années 6 moisCette analyse de l’Université du Michigan des dernières données de l’enquête européenne ESPAD (European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs) vs de... -
TABAC: Il abime le chromosome Y pour mieux promouvoir le cancer
Actualité publiée il y a 10 années 3 semaines