ALCOOL : L'obésité ne dilue pas ses méfaits
La consommation d'alcool est causalement liée à plusieurs cancers. On aurait pu penser qu’un surpoids pourrait « diluer » les effets néfastes de l’alcool pour la santé. Cependant, du point de vue du risque de cancer, le surpoids et l'obésité exacerbent plutôt les effets nocifs de l'alcool, révèle cette recherche britannique présentée lors de l’European Congress on Obesity (ECO, Maastricht). Menée auprès de près de 400.000 adultes, l’étude suggère des effets démultipliés de l'alcool sur le risque de cancer en cas de taux élevé de graisse corporelle.
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L’analyse confirme également la relation dose-réponse entre des niveaux d'obésité plus élevés et le risque de cancers liés à l'obésité, et cela quelle que soit la consommation d'alcool. Menée par le Dr Elif Inan-Eroglu de l'Université de Sydney c’est la première étude à démêler la relation complexe entre l'obésité (évaluée par le taux de graisse corporelle, le tour de taille et l’indice de masse corporelle ou IMC), la consommation d'alcool et le cancer. Une compréhension essentielle à la prévention alors que le surpoids/obésité et l’excès d’alcool sont des facteurs séparément bien documentés de certains cancers : dans le monde, 4% des nouveaux cas de cancer sont liés à la consommation d'alcool et le surpoids et l'obésité sont liés à un risque plus élevé de 13 types de cancer qui représentent plus de 40% de tous ces cancers diagnostiqués. Enfin l'alcool est la 3è cause évitable de cancer après le tabac et l'obésité.
Mieux évaluer les effets combinés de l'alcool et de l'obésité
L’étude : il s’agit de l’analyse des données de 399.575 participants, âgés de 40 à 69 ans, à 55 % des femmes, participants de la UK Biobank, exempts de cancer au début de l'étude, suivis pendant une moyenne de 12 ans. Les cancers ont été identifiés à partir des admissions à l'hôpital et des données du registre du cancer. Les participants ont été répartis en 3 groupes en fonction de leur taux de graisse corporelle, de leur tour de taille et de leur IMC), ainsi qu’en fonction de leur consommation d'alcool autodéclarée. Les chercheurs ont bien pris en compte les facteurs de confusion possibles, dont l'âge, le sexe, l'alimentation, le niveau d'éducation, l'activité physique, le statut tabagique, la durée de sommeil, le statut socio-économique et les maladies cardiovasculaires existantes ou le diabète de type 2. Au cours du suivi de 12 ans,
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- 17.617 participants ont reçu un diagnostic de cancer lié à l'alcool ;
- 20.214 de cancer lié à l'obésité ;
- les participants avec taux élevé de graisse corporelle selon tous les marqueurs d'obésité et avec consommation excessive d’alcool présentent un risque de cancer significativement accru ;
- ainsi, les participants faisant partie du tiers le plus élevé en termes de taux de graisse corporelle et restent cependant dans les limites recommandées de consommation d'alcool présentent un risque accru de 53 % de cancers liés à l'alcool que ceux ayant un taux de graisse corporelle dans le tiers le plus faible et qui sont totalement abstinents ;
- les participants faisant partie du tiers le plus élevé de taux de graisse corporelle et ayant une consommation d'alcool au-delà des recommandations, présentent un risque accru de 61 % de cancers liés à l'alcool vs ceux ayant un taux de graisse corporelle dans le tiers le plus faible et qui sont totalement abstinents ;
- indépendamment du niveau de consommation d'alcool, l'analyse confirme
une relation dose-réponse entre un tour de taille plus élevé et le risque de développer un cancer lié à l'obésité ;
- les participants ayant un tour de taille plus élevé et dont la consommation d’alcool est dans la norme encourent un risque 17 % plus élevé de développer un cancer lié à l'obésité vs ceux ayant un tour de taille dans la norme et étant totalement abstinents ;
- les participants ayant un tour de taille plus élevé et dont la consommation d’alcool est excessive encourent un risque accru de 28 % de développer un cancer lié à l'obésité vs ceux ayant un tour de taille dans la norme et étant totalement abstinents.
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La recherche n’apporte pas une compréhension totale des mécanismes sous-jacents de cet effet synergique de la consommation d'alcool et de l'obésité sur le risque de cancer. D’autant qu'il s'agit d'une étude observationnelle base sur une consommation d'alcool autodéclarée.
Cependant l’effet synergique est bien confirmé.
« Les résultats de cette large analyse suggèrent que les personnes obèses, en particulier celles qui ont un excès de graisse corporelle, doivent être conscientes des risques démultipliés liés à la consommation d'alcool ».
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