ALCOOL : Une consommation très modérée est-elle plus utile que nocive pour la santé ?
Une consommation très modérée est-elle plus utile que nocive pour la santé ? Ça dépend de l’âge du consommateur, répond cette équipe du Boston Medical Center. Cependant, selon cette recherche publiée dans le Journal of Studies on Alcohol and Drugs, les études sur les effets de la consommation d’alcool sur la santé pourraient, dans l'ensemble, sous-estimer les risques, en particulier chez les plus jeunes.
La recherche démontre que, bien que les études de cohorte montrent parfois les avantages d’une consommation modérée d’alcool, elles ont tendance à recruter des personnes âgées de 50 ans et plus. Or faire porter l’analyse sur des personnes de cette tranche d’âge élimine tous les décès avant l'âge de 50 ans liés à la consommation d'alcool…En termes simples, « les personnes décédées ne peuvent pas participer aux études de cohortes », relève l’auteur principal, le Dr Timothy Naimi, du Boston Medical Center : « Les buveurs établis âgés de 50 ans sont des « survivants » de leur consommation d'alcool. Ils pouvaient au départ de la cohorte être en meilleure santé ou ils pourraient avoir suivi des habitudes de consommation plus sûres que d’autres participants ».
Plus de 40% des décès dus à l'alcool surviennent avant l'âge de 50 ans, selon l’étude. Cela suggère que la plupart des études actuelles sous-estiment le risque lié à l'alcool par rapport à ce qui serait observé sur la globalité des tranches d’âge. L'étude démontre également que la plupart des échantillons ne sont pas représentatifs de la consommation d’alcool en population générale. L’équipe a travaillé à partir des données de l’application Alcohol-Related Disease Impact software des U.S. Centers for Disease Control and Prévention (CDC) provenant des statistiques sur les causes de décès de 2006 à 2010 aux États-Unis.
Tout dépend de l’âge : c’est ainsi que l’équipe a découvert que :
- l'âge est un facteur majeur dans le nombre de décès « évités » par la consommation d'alcool ;
- environ 35,8% du total des décès liés à l’alcool surviennent chez les personnes âgées de 20 à 49 ans ; parmi les décès « évités » par la consommation d’alcool, seuls 4,5% appartiennent à ce groupe d’âge plus jeune ;
- si les personnes de 65 ans et plus présentent taux de décès similaire de 35,0% lié à la consommation d'alcool, 80% des décès « évités » par la consommation d'alcool se produisent dans ce groupe ;
- sur l'ensemble des années de vie perdues, 58,4% se sont produites entre les âges de 20 et 49 ans et ce groupe plus jeune n'a vu que 14,5% des années de vie perdues « évitées » par la consommation d'alcool ;
- les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 15% des années de vie perdues du fait de la consommation d’alcool mais plus de 50% des années de vie « sauvées » appartiennent à ce groupe d’âge.
Les jeunes sont bien plus susceptibles de décès lié à leur consommation d'alcool que de décès évité par la consommation d’alcool. En revanche, les personnes plus âgées pourraient bénéficier des avantages d'une consommation modérée.
« L’étude complète et précise la littérature sur les effets protecteurs de l'alcool sur la mortalité toutes causes confondues", concluent les auteurs. Néanmoins, ils écrivent que « la plupart des personnes qui choisissent de boire, modérément bien sûr, le peuvent avec un risque relativement faible ».
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