ALZHEIMER: Stimuler REST, le gène gardien de nos neurones
Cette protéine s’appelle REST, comme « tranquillité ». Elle réduit au silence les facteurs de stress pour nos neurones. Active au cours du développement du cerveau du fœtus, elle est ré-exprimée à nouveau, bien plus tard dans la vie, pour protéger les neurones de différents effets toxiques, comme ceux de protéines anormales. Cette protéine REST, au rôle primordial identifié par ces chercheurs de la Harvard Medical School, permettrait d’expliquer pourquoi chez certaines personnes, les amas de protéines béta-amyloïde n’ont pas d’effet sur la fonction cognitive et pourquoi, chez d’autres personnes, c’est le développement de l’Alzheimer.
Le développement du cerveau a besoin de REST, mais son vieillissement tout autant, si l'on résume ces nouvelles données publiées dans la revue Nature. REST est en sorte, écrivent les auteurs, la pièce du puzzle qui permet de mieux comprendre le processus de déclin cognitif. Car l'identification du rôle majeur de ce gène régulateur suggère que les agrégats de protéines anormales –spécifiques de la maladie d'Alzheimer et autres maladies neurodégénératives- pourraient ne pas être suffisants ou seule cause de démence, ce processus ne pouvant se déclencher que lorsque REST est désactivé.
Bruce Yankner, professeur de génétique à la Harvard Medical School, expert de la « béta-amyloïde » et auteur principal de l'étude voit déjà , dans cette découverte, l'opportunité d'une nouvelle voie thérapeutique pour les millions de personnes atteintes d'Alzheimer. Le chercheur soutient que la démence n'est pas une conséquence inévitable du vieillissement car « si le cerveau humain peut fonctionner normalement pendant un siècle ou plus », ajoute-t-il, « il doit exister un mécanisme pour préserver la fonction cérébrale chez des organismes à longue vie comme les humains ».
REST a été identifié presque « par hasard » car il se trouvait être le principal « interrupteur » de gènes activés ou désactivés durant le vieillissement du cerveau humain. Jusque-là , REST n'était connu que pour son rôle avant la naissance, comme régulateur des gènes exprimés jusqu'à la formation de neurones matures. En fait, REST intervient aux 2 principales périodes de vulnérabilité du cerveau, lors de son développement et lors de son vieillissement.
Que fait REST pour les neurones vieillissants ? REST va « éteindre » les gènes qui favorisent la mort des cellules cérébrales et « allumer » les gènes qui aident les neurones à répondre au stress. Ainsi,
· la suppression de REST en laboratoire, sur des lignées de cellules cérébrales, les rend plus vulnérables aux effets toxiques du stress oxydatif et à la bêta-amyloïde,
· des souris privées de REST, en vieillissant perdent leurs neurones dans l'hippocampe et le cortex, les zones principalement touchées dans la maladie d'Alzheimer,
· le ver C. elegans possède lui-aussi un gène équivalent à REST, qui le protège contre les radicaux libres et l'amyloïde,
· enfin, REST apparaît activée dans le tissu cérébral de cerveaux sains, mais à très faibles niveaux dans le tissu cérébral de patients souffrant de déficience cognitive légère et quasiment absente du cerveau de patients atteints d'Alzheimer.
Les expériences de culture cellulaire montrent aussi que, dans la maladie d'Alzheimer, REST est détourné de son déplacement vers le noyau du neurone puis victime…d'autophagie.
Stimuler REST avec des médicaments -tels que le lithium, qui s'est montré efficace en laboratoire- s'avère donc une voie prometteuse pour retarder l'apparition de la maladie et …prolonger la vie. Car REST s'avère également associé à une longévité accrue. REST augmente l'expression de plusieurs gènes déjà connus pour augmenter la durée de vie dans des systèmes modèles de vieillissement. Enfin, il est retrouvé à des niveaux élevés chez des patients centenaires, exempts de troubles cognitifs.
Source: Nature 19 March 2014 doi:10.1038/nature13163 REST and stress resistance in ageing and Alzheimer's disease (Visuel© freshidea - Fotolia.com)
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