ANOREXIE: Les hommes aussi
L’anorexie n’est pas un trouble du comportement alimentaire réservé aux femmes, même si, jusqu’ici, la plupart des études ont ignoré les hommes. L’initiative de cette équipe de l’Université de Montréal, qui propose, à partir d’un examen de la littérature sur 15 ans, une synthèse des connaissances sur l’anorexie masculine vient combler cette lacune. Les conclusions, présentées dans le Journal de Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence appellent néanmoins à mieux comprendre ce trouble chez l’homme.
Cette méta-analyse de résultats de 24 études, permet déjà de dégager certaines tendances, dont les nombreuses similarités de symptomatologie et de comportement chez les garçons et chez les filles. Cette grande similarité entre filles et garçons a été tout récemment évoquée par une étude de la même université qui montre que le développement des troubles du comportement alimentaire (TCA) se fait de manière bien plus précoce qu'on ne l'avait pensé, souvent bien avant l'adolescence, que ce soit chez les filles ou les garçons.
Environ 10% des personnes touchées par l'anorexie sont des hommes, et c'est un chiffre sous-estimé, selon Laurence Corbeil-Serre, auteur principal de l'étude, qui confirme l'existence de similitudes entre les symptômes comportementaux des hommes et des femmes, mais aussi de certaines spécificités chez les hommes, en particulier celles liées à la personnalité, l'identité de genre et l'orientation sexuelle.
Son examen de la littérature a pris en compte 24 études publiées ces 15 dernières années et portant sur 279 participants âgés de 11 à 36 ans. Les chercheurs identifient au final 7 variables pertinentes :
· la présentation clinique,
· les conditions cliniques préexistantes au trouble,
· les traits de personnalité,
· l'orientation sexuelle,
· l'activité sexuelle,
· l'identité de genre,
· les troubles concomitants.
L'analyse montre que,
- les hommes comme les femmes touchés par l'anorexie partagent la même crainte de prendre du poids et de « grossir »,
- les participants aux différentes études présentent tous une perte de poids cliniquement significative, aboutissant à un IMC moyen de 16 et à un état de malnutrition. Cependant,
- l'insatisfaction de l'image corporelle chez les hommes est plutôt liée à la masse musculaire,
- le comportement correspondant est plutôt la pratique excessive de l'exercice physique excessif que les rituels de refus de nourriture ou de vomissements associés « normalement » à l'anorexie mentale (chez la femme).
- Toujours chez les hommes, la dépression, l'abus de substances, des traits de personnalité antisociale, impulsifs ou psychotiques sont fréquemment associés au trouble.
- Enfin, le taux d'homosexualité chez les participants souffrant d'anorexie est plus élevé qu'en population générale.
Homosexualité et anorexie : Les chercheurs suggèrent que l'importance de l'apparence physique dans la communauté gay peut aggraver le trouble une fois présent. L'anorexie mentale est également parfois le moyen de retarder la question de la sexualité pour les personnes en conflit avec elles-mêmes ou même de remettre en question l'orientation homosexuelle. Enfin, la maigreur est aussi le moyen d'approcher des modèles de beauté féminine. Des hypothèses à confirmer, reconnaissent les chercheurs.
L'étude approfondit ainsi la compréhension de l'anorexie masculine en mettant en évidence ses spécificités mais appelle aussi à d'autres recherches.
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