ANOSMIE : Vers un implant nasal pour rétablir l'odorat
La perte d’odeurs, ou anosmie, touche environ 5% de la population générale. En démontrant qu’une stimulation électrique dans le nez peut induire l'odorat chez l'homme, cette démonstration de concept du « Massachusetts Eye and Ear » marque une étape vers le développement d’une technologie de restauration des odeurs. Une preuve de concept documentée dans l’International Forum of Allergy & Rhinology qui annonce un implant nasal (sur le même principe que l’implant cochléaire), qui stimule électriquement les nerfs du bulbe olfactif afin de restaurer l'odorat chez les patients jusque-là privés de "nez".
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Les médecins du Massachusetts ont, pour la première fois, induit l'odorat chez l'homme en utilisant des électrodes, placées dans le nez afin de stimuler les nerfs du bulbe olfactif, une structure du cerveau qui reçoit les informations olfactives du nez et les transmet aux zones plus profondes du cerveau. Cette équipe apporte la première preuve de concept d’un implant permettant de restituer le sens de l'odorat.
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Notre odorat est induit ou permis par l’organe olfactif du nez, composé de neurones sensoriels contenant des récepteurs qui détectent les odeurs. Il existe environ un millier de types différents de récepteurs olfactifs dans le nez, à comparer à seulement 3 types de récepteurs visuels dans l'œil et 49 types de récepteurs gustatifs sur la langue. De tous nos sens, notre système olfactif est le plus complexe et les combinaisons de signaux provenant de différents récepteurs olfactifs nous permettent de sentir un très large répertoire d'odeurs. Cependant on n'a jamais su totalement expliquer pourquoi certains d'entre nous ont « du nez » et d'autres pas, enfin d’autres pas du tout. Enfin, notre odorat contribue non seulement à notre plaisir de vivre, mais également à notre sécurité et à notre bien-être quotidiens. Nous comptons sur notre odorat pour détecter la présence de fumée, d’une fuite de gaz ou aussi pour éviter de manger des aliments pourris. On estime que plus de 50% de la population de plus de 65 ans ont perdu l’odorat et risquent de perdre la sensation de saveur étroitement liée au sens de l’odorat et donc l’appétit.
La perte d’odeurs, ou anosmie, touche environ 5% de la population générale. Certains cas d'anosmie peuvent être traités en traitant la cause sous-jacente comme une obstruction nasale, un polype ou une maladie des sinus, d'autres liés à des lésions des nerfs sensoriels du nez (blessures à la tête, virus et vieillissement) sont beaucoup plus complexes. Il n'existe actuellement aucun traitement éprouvé pour ces cas.
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« La technologie de restauration des odeurs est donc un concept qui mérite d'être étudié plus avant », commente l'auteur principal, le Dr Eric Holbrook, du « Mass. Eye and Ear », également professeur d'oto-rhino-laryngologie à la Harvard Medical School. "Le développement des implants cochléaires, par exemple, n'a pas vraiment accéléré jusqu'à ce que quelqu'un ait placé une électrode dans la cochlée d'un patient et ait découvert que le patient avait entendu une fréquence d'un type quelconque."
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Vers un implant cochléaire pour le nez : l’équipe a regardé si la stimulation électrique du bulbe olfactif pouvait induire le sens de l'odorat chez l'homme et démontre la faisabilité de la procédure notamment du positionnement des électrodes dans les cavités des sinus de 5 patients à la capacité d’odorat intacte. 3 des 5 patients décrivent des sensations olfactives (odeur d'oignon, d’antiseptique, arômes acides et fruités) à la suite de la stimulation. Cette avancée chez les patients humains ouvre la porte à la mise au point d'un implant cochléaire pour le nez, en quelque sorte équivalent des implants cochléaires pour l'audition pour les patients souffrant de perte auditive profonde.
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L’objectif est donc via un implant placé dans le nez et des impulsions électriques du bulbe olfactif, de pouvoir rétablir les odeurs chez les personnes qui n'ont pas d'odorat.
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