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ANTIBIOTIQUES et PESTICIDES: Une interaction mortelle pour les abeilles, et pour les humains?

Actualité publiée il y a 13 années 1 semaine 1 jour
PLoS ONE

Une hécatombe chez les abeilles. En cause, une exposition antibiotiques + pesticides. Dans cette étude publiée le 2 novembre dans la revue PLoS ONE, des chercheurs rapportent que certains antibiotiques, largement utilisés dans les ruches des abeilles, les rendraient bien plus sensibles à la toxicité des pesticides, et que cette interaction peut être responsable de la perte de populations entières d'abeilles…et de la baisse de leur production de miel. Question, un tel risque est-il transposable à l’Homme?

Depuis 5 ans, des populations entières d'abeilles disparaissent mystérieusement aux Etats-Unis, mais ce qu'on appelle aujourd'hui « le syndrome d'effondrement des colonies (colony collapse disorder) » reste encore un phénomène largement inconnu.


Ces chercheurs de l'Université du Maryland montrent que des abeilles saines traitées avec un antibiotique, l'oxytétracycline - un anti-bactérien utilisé aussi chez l'Homme- puis exposées à 2 pesticides couramment utilisés dans les ruches contre des parasites acariens (le coumaphos et le tau-fluvalinate) sont beaucoup plus sensibles à l'exposition aux pesticides que ne le sont les abeilles non traitées. L'équipe, menée par David Hawthorne, du Département d'Entomologie de l'Université du Maryland suggère que l'antibiotique oxytétracycline peut interagir avec des protéines spécifiques, appelées transporteurs de multi-résistance (multiple drug resistance (MDR) transporters), rendant ainsi les abeilles plus à risque de décès à l'exposition aux pesticides.

Pour tester cette hypothèse, les chercheurs ont traité des abeilles avec un autre médicament, le vérapamil, un antagoniste du calcium et inhibiteur d'un transporteur particulier de multi-résistance. Les abeilles montrent encore une sensibilité accrue à 5 pesticides différents, confirmant l'hypothèse que ces transporteurs MDR en présence de combinaisons de produits chimiques, indépendamment sans risque, peuvent jouer un rôle important dans ce syndrome d'effondrement des colonies, en étant médiateurs de ces interactions. .

Le problème, expliquent les chercheurs, est le grand nombre de combinaisons de pesticides potentiellement néfastes, ce qui rend impossible l'évaluation de tous les pesticides et de toutes les combinaisons. Cette constatation bien qu'exclusivement réalisée sur les abeilles, remet néanmoins en question notre capacité à anticiper les risques associés à l'exposition à un nouveau pesticide ou à identifier les combinaisons de toxines qui contribuent ici, chez les abeilles, à la disparition de colonies entières.

Le transporteur MDR le plus étudié, la glycoprotéine P, appelée P-gp, est déjà connu pour provoquer un phénomène de multi-résistance aux médicaments. L'inhibition de ce MDR induite par l'antibiotique amplifierait donc l'effet néfaste des insecticides. D'une manière générale, écrivent les auteurs, cette inhibition pourrait causer des interactions indésirables entre de nombreux produits chimiques, augmentant alors la sensibilité à d'autres molécules toxiques.

Source: PLoS ONE « Killing Them with Kindness? In-Hive Medications May Inhibit Xenobiotic Efflux Transporters and Endanger Honey Bees” (Visuel © Claude Calcagno - Fotolia.com)


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