ARRÊT CARDIAQUE: Du liquide au fluor dans les poumons pour sauver les organes vitaux
Abaisser la température du corps rapidement après la réanimation qui suit l’arrêt cardiaque, pour protéger les organes vitaux. Cette étude sur l’animal menée par des chercheurs de l’Inserm a testé une nouvelle méthode d’hypothermie, très rapide, après arrêt cardiaque, sur l’animal. En administrant dans les poumons des liquides riches en fluor, ils parviennent à refroidir l’organisme après un arrêt cardiaque. Cette méthode inédite d’hypothermie à visée thérapeutique a été présentée en novembre dernier au congrès “Resuscitation” à Chicago et est publiée dans l’édition du 1er août de Circulation, la revue de l’American Heart Association.
Sur l'animal et après arrêt cardiaque, expliquent les auteurs, l'hypothermie permet une baisse de la température du corps rapide après la réanimation. Parce que la ventilation liquide totale (TLV- total liquid ventilation) avec des hydrocarbures perfluorés induit un refroidissement très rapide et généralisé, les chercheurs ont étudié si cela pourrait limiter le syndrome post arrêt-cardiaque sur un modèle de lapin, en particulier au niveau des dysfonctionnements neurologique, cardiaque, pulmonaire, hépatique et rénale.
Les lapins anesthésiés ont été soumis à 5 ou 10 minutes de fibrillation ventriculaire. Après réanimation cardiorespiratoire et la reprise spontanée de la circulation, une partie des animaux a subi une hypothermie thérapeutique induite par TLV (vs groupe témoin). Cette procédure a permis d'abaisser les températures de l'œsophage et du tympan de 32 ° C en seulement 10 minutes et un apport d'oxygène au poumon grâce à une "ventilation liquide". Après le réchauffement, les animaux soumis à l'hypothermie thérapeutique présentent un dysfonctionnement neurologique atténué, des lésions cardiaques réduites et une diminution de la mortalité 7 jours plus tard par rapport aux animaux témoins. Les effets bénéfiques de l'hypothermie par TLV sont directement liés à la rapidité de l'induction de l'hypothermie.
Cette technique d'hypothermie offrirait donc une protection puissante neurologique et cardiaque, post arrêt cardiaque, du moins sur ce modèle animal et pourrait être une approche pertinente pour protéger les organes vitaux après un arrêt cardiaque.
Chaque année, environ 50.000 personnes font l'objet en France d'un arrêt cardiaque brutal en dehors du secteur hospitalier. La prise en charge de ces patients est une urgence absolue puisque chaque minute suivant l'arrêt cardiaque est cruciale. Ces travaux menés par les chercheurs de l'Inserm au sein de l'Institut Mondor de recherche biomédicale et de l'Ecole Vétérinaire d'Alfort démontrent l'efficacité d'un dispositif rapide permettant de faire face à cette exigence de réactivité et dont les perspectives cliniques sont importantes pour le traitement de l'arrêt cardiaque.