ASPARTAME ? L'Anses reste sur sa réserve
Si le réseau environnement santé demandait, il y a quelques jours, à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), de revoir à la baisse la dose journalière admissible (DJA), c’est peine perdue. Car l’Anses publie, au 4 février, un bilan d’étape qui invoque des raisons méthodologiques et la nécessité de nouvelles recherches pour rendre aujourd’hui un avis circonstancié. Mais le débat sanitaire sur l'aspartame, cet édulcorant artificiel, incorporé dans de nombreux aliments (boissons, desserts, confiseries…) et dans plus de 600 médicaments reste ouvert...
Certes, l'aspartame a un pouvoir 200 fois supérieur à celui du saccharose. Découvert en 1965 par un chimiste de la société Searle et en 1974, une première AMM lui était accordée aux Etats-Unis la même année par la Food and Drug Administration (FDA) puis suspendue quelques mois pour possibilité d'effets toxiques et cancérogènes sur le cerveau puis de nouveau accordée par la FDA en 1981 dans les aliments solides puis étendue aux boissons gazeuses en 1983. Autorisé en Europe en 1994, il a fait l'objet de multiples évaluations, qui ont conclu, selon l'Anses, à sa sécurité d'emploi et à la fixation d'une dose journalière admissible à 40 mg/kg de poids corporel par jour.
La récente publication récente de l'étude du très sérieux American Journal of Clinical Nutrition -qui avait d'ailleurs fait réagir en temps réel l'Agence sanitaire- associait consommation de boissons avec aspartame pendant la grossesse et risque élevé d'accouchement prématuré. L'Anses a donc analysé cette étude et procédé à l'audition du Dr Soffritti, auteur principal, d'une première étude, réalisée sur la souris qui conférait à l'aspartame des effets cancérigènes.
Des raisons méthodologiques et la nécessité de confirmer par de nouvelles études les résultats obtenus, conduisent l'Anses à réserver aujourd'hui ses recommandations. « Les différentes évaluations réalisées aux niveaux international (OMS), européen (EFSA) et américain (FDA) ont conclu à la sécurité d'emploi de l'aspartame et ont fixé une dose journalière admissible à 40 mg/kg de poids corporel par jour ». L'Anses ne reverra donc pas à court terme la DJA. L'Anses finalisera donc, dans son travail d'analyse en cours et rendra public un avis et des recommandations sur les suites à donner. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), en charge de l'évaluation des édulcorants pour l'Europe, qui réunit son panel d'experts compétent sur le sujet, devrait également publier un avis prochainement.