AUTISME: Les enfants atteints peuvent-ils « en sortir » ?
Ces chercheurs posent la question de l’évolution du diagnostic, l’enfant peut-il sortir d’un TSA ou bien, des troubles envahissants du développement (TED) peuvent-ils évoluer vers les TSA ? Cette recherche de la Johns Hopkins Bloomberg (Maryland) et du Massachusetts General Hospital, publiée dans l’édition du 2 février de la revue Pediatrics, examine la relation entre le diagnostic d'autisme et la présence d'autres troubles du développement, des troubles dont les symptômes sont parfois communs à ceux des troubles du spectre autistique. Un espoir en ressort, il reste fréquent que des enfants diagnostiqués de TSA ne répondent plus au diagnostic, quelques années plus tard. Mais faut-il mettre cette constatation sur de réels progrès dans le développement de l’enfant ou sur la complexité du diagnostic ?
Les chercheurs rappellent que le diagnostic de TSA est difficile, surtout en raison de cette présence fréquente et conjointe d'autres troubles du développement comme le TDAH, les troubles de l'apprentissage et certains troubles psychiatriques. Ces troubles évoluent au fil du temps. Les enfants et les adolescents atteints d'un TSA montrent des taux plus élevés de troubles d'apprentissage, tandis que les adolescents et les adultes atteints de TSA ont un risque plus élevé de dépression. La question est de savoir si un enfant, diagnostiqué avec TSA peut ensuite présenter des améliorations dans les symptômes qui lui permettent de « sortir » du diagnostic de l'autisme.
Les auteurs soulignent également que la stabilité d'un diagnostic de TSA peut varier au fil du temps. L'enquête américaine 2007 sur la santé des enfants (US National Survey of Children's Health - NSCH) conclut que 40% des enfants âgés de 3 à 17 ans, qui avaient été diagnostiqués atteints de TSA, n'étaient plus considérés comme présentant ce diagnostic plus tard, selon les déclarations des parents sur questionnaire.
Cette étude transversale a suivi 1.366 cas d'enfants avec diagnostic de TSA. Ce groupe comprenait des enfants avec diagnostic actuel et reçu dans le passé. Les parents ayant au moins un enfant entre les âges de 0 et 17 diagnostiqué, étaient admissibles à participer à l'étude. 91.642 questionnaires ont été remplis. 2 groupes d'étude sur la base des réponses obtenues ont été constitués, les parents qui déclaraient un diagnostic actuel de TSA et ceux déclaraient un diagnostic passé. Les données finales de l'étude portaient sur 1.366 enfants:
- 67% des enfants : 154 jeunes enfants, 373 enfants et 386 adolescents présentaient un diagnostic actuel de TSA
- 33% des enfants : 53 jeunes enfants, 189 enfants et 211 adolescents présentaient un diagnostic passé de TSA
- Après ajustement, les enfants à diagnostic actuel de TSA étaient plus susceptibles d'avoir d'autres troubles du développement que les enfants à diagnostic passé,
- les jeunes enfants ayant un diagnostic actuel de TSA avaient 11 fois plus de risque de troubles de l'apprentissage modérés ou sévères et 9 fois plus de risque de TED modérés ou sévères que les enfants à diagnostic passé,
- les enfants ayant un diagnostic actuel de TSA avaient 3,85 fois plus de risque d'avoir des troubles de d'élocution et 3,51 fois plus de risque de souffrir d'anxiété, modérée ou sévère que les enfants à diagnostic passé,
- les adolescents ayant un diagnostic actuel TSA avaient 3,91 fois plus de risque de troubles de l'élocution et 10,5 fois plus de risque d'épilepsie bénigne que les enfants à diagnostic passé.
Les chercheurs suggèrent que la présence de troubles psychiatriques et neuro-développementaux concomitants est associée à un changement dans le diagnostic de TSA, bien que les mécanismes de ce changement ne soient pas clairs. Ils suggèrent comme tout à fait possible qu'un enfant puisse être diagnostiqué avec TSA puis puisse être, par la suite, « reclassé » comme n'ayant pas de TSA. Il peut y avoir plusieurs raisons, comme des améliorations dans le développement suite à des interventions précoces pour soutenir ce développement.
Ce qui est clair, dans cette étude, est que les enfants avec diagnostic actuel, souffrent bien plus d'autres troubles que les enfants diagnostiqués dans le passé. Mais une limitation importante de l'étude, dont il faut tenir compte, est le caractère déclaratif (des parents) des données prises en compte, qu'on peut imaginer plus positif, lorsqu'il s'agit d'un diagnostic passé.
Sources: Pediatrics Vol. 129 N°2 February 1, 2012 pp. e305 -e316 Co-occurring Conditions and Change in Diagnosis in Autism Spectrum Disorders. Pediatrics Vol. 129 N°2 February 1, 2012 pp. X21 Co-occurring Conditions and Change in Diagnosis in Autism Spectrum Disorders. (Visuel The National Autistic Society)
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