AUTISME: Un risque élevé chez les mères chimico-sensibles
Ce syndrome encore peu médiatisé de sensibilité multiple aux produits chimiques toucherait pourtant 10% de la population. Cette intolérance ou susceptibilité aux produits chimiques pourrait, chez les mères, être associée à un risque multiplié par 2 à 3 de trouble de déficit de l'attention / hyperactivité (TDAH) et d'autisme chez l’enfant, selon cette étude de l’Université du Texas. Les conclusions de l’étude, présentées dans le Journal of the American Board of Family Medicine ont deux implications : mettre en lumière ce syndrome et ses symptômes parfois sévères, et, chez les enfants atteints, une susceptibilité à nombre d’autres comorbidités.
On parle peu de ce syndrome mieux reconnu aux Etats-Unis sous l'appellation Toxicant-Induced Loss of Tolerance ou TILT ou encore multiple chemical sensitivity ou MCS soit sensibilité multiple aux produits chimiques. Un syndrome de la famille des intolérances environnementales idiopathiques de l'Organisation mondiale de la Santé, « rangé » dans la catégorie « autre allergie, non précisée ». Ce syndrome reconnu aux Etats-Unis mais aussi au Canada ou en Allemagne comme une affection invalidante est bien d'origine chimique et non allergique. Selon le stade de la maladie, les symptômes vont d'une réaction aiguë liée à l'exposition à un produit chimique au développement d'une véritable maladie auto-immune voire un cancer de type lymphome non Hodgkinien. En fait, selon les données américaines, à stade plus ou moins sévère cette intolérance chimique affecte environ 10% de la population.
Au départ, les chercheurs sont partis de la grande vulnérabilité des enfants atteints de TDAH et d'autisme aux expositions environnementales ainsi que des associations démontrées en l'exposition in utero et le risque de TSA et de TDAH, plus tard dans la vie. L'étude a suivi 282 mères d'enfants atteints de trouble du spectre autistique (TSA), 258 mères d'enfants diagnostiqués avec le TDAH et 154 mères ayant des enfants à développement normal. Les mères ont passé le test QEESI (Quick Environmental Exposure and Sensitivity Inventory), une échelle en 50 items permettant d'évaluer l'intolérance chimique.
L'analyse montre que :
· Les mères chimiquement intolérantes s'avèrent 3 fois plus susceptibles d'avoir un enfant atteint de TSA et 2,3 fois plus susceptibles d'avoir un enfant avec TDAH- la même association chez les pères n'a pas été étudiées.
· les enfants atteints de TSA et de TDAH sont beaucoup plus sensibles aux expositions quotidiennes comme les fumées d'échappement, la fumée, les parfums et les produits de nettoyage,
- sont plus sensibles aux effets des infections, aux effets indésirables et secondaires des médicaments, aux produits chimiques et aux allergènes, dont alimentaires.
· les mères d'enfants atteints de TSA ou TDAH rapportent plus de maladies et de symptômes associés à l'intolérance chimique que les mères témoins,
· les enfants atteints de TDAH sont 1,7 fois plus susceptibles et les enfants atteints de TSA 4,9 fois plus susceptibles d'avoir souffert de multiples infections nécessitant une utilisation prolongée d'antibiotiques,
· les enfants atteints de TDAH sont 2 fois plus susceptibles et les enfants atteints de TSA, 1,6 fois plus susceptibles de souffrir d'allergies,
· les enfants atteints de TDAH sont 2 fois plus susceptibles et les enfants atteints de TSA 3,5 fois plus susceptibles, d'avoir eu des nausées, des maux de tête, des étourdissements et/ou une difficulté à respirer en cas ‘exposition à des produits chimiques.
· Les enfants atteints de TDAH sont 2 fois plus susceptibles et les enfants atteints de TSA 4,8 fois plus susceptibles d'avoir des préférences pour certains produits alimentaires bien spécifiques comme le fromage, les chips, le pain, les pâtes, le riz, le sucre, le sel et le chocolat.
Bref, ce sont des preuves supplémentaires qui relient les expositions toxiques in utero ou à la naissance et des résultats défavorables pour le développement de l'enfant. C'est un nouvel appel aux professionnels de la périnatalité et aux femmes en, âge de concevoir à se préserver de ces expositions environnementales. Ainsi, les auteurs recommandent à toutes les mères et aux femmes enceintes d'adopter, lorsque c'est possible, des mesures préventives pour éviter les produits chimiques potentiellement nocifs et notamment à éviter l'exposition aux pesticides, solvants, produits de combustion et autres produits chimiques.
Ils rappellent également qu'il existe cette échelle d'évaluation, « QEESI », utile pour détecter les mères les plus sensibles et…leurs enfants.
Source: Journal of the American Board of Family Medicine July-August 2015 doi: 10.3122/jabfm.2015.04.140192 Maternal Chemical and Drug Intolerances: Potential Risk Factors for Autism and Attention Deficit Hyperactivity Disorder (ADHD)
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