Autotest VIH: Le Comité national d'Ethique précise la feuille de route
Alors qu’il y a quelques jours, le Conseil national du sida (CNS), après 2 précédents avis réservés, se prononçait en faveur de la mise à disposition des autotests de dépistage de l’infection à VIH, arguant qu’ainsi, 4.000 nouvelles séropositivités VIH seraient détectées permettant d’éviter 400 nouvelles infections, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), dans son dernier avis réitère ses arguments sur les obstacles éthiques posés par cette éventuelle commercialisation des autotests, déjà signalés dans son précédent avis de 2004 mais reconsidère cependant la nécessité de pouvoir répondre à une véritable nécessité de Santé publique.
L'accompagnement nécessaire témoin de solidarité et les limites techniques des autotests sont principalement évoqués dans cet avis de 30 pages, avec les risques de non détection des anticorps dans les mois qui suivent la primo-infection, d'interprétation erronée, de faux négatifs, aboutissant à une perte de chance pour le patient.
Cependant, le CCNE prend dans cet avis en compte la nécessité d'autonomie et de responsabilisation de chacun dans la préservation de sa propre santé, l'insuffisance de l'accès actuel au dépistage, en particulier, par les publics à risque élevé et conçoit que des autotests fiables pourraient répondre à cette nécessité de santé publique. Enfin, de manière plus pragmatique, il faut anticiper l'arrivée d'un tel autotest sur le marché européen et préparer au mieux son rôle au sein du dispositif actuel et global de dépistage.
Des précautions d'éthique biomédicale, concernant la pertinence, la bienfaisance individuelle et autonomie, la bienfaisance collective et solidarité :
· Sur la pertinence, il s'agit donc de s'assurer de l'efficacité (spécificité, sensibilité) des autotests mais aussi de la faire vérifier par des laboratoires indépendants, de les mettre à disposition en pharmacies, voire sur Internet, en toute confidentialité, à un prix raisonnable mais sans prise en charge par l'assurance maladie.
· Sur la bienfaisance individuelle et l'autonomie, l'autotest, comme aux Etats-Unis devrait être accompagné d'une information, précisant les limites du test et incluant les autres modalités de dépistage de l'infection VIH en France. L'ouverture d'une ligne téléphonique permettrait le cas échéant un soutien personnalisé et l'orientation, si nécessaire, de l'usager vers un CDAG.
· La bienfaisance collective et la solidarité seraient, quant à elles garanties par la non-substitution de ces tests aux modalités actuelles de dépistage, par le développement des actions d'incitation au dépistage et la mise à disposition élargie de ces autotests à titre gratuit dans certaines structures de soin et d'accompagnement ou chez les médecins généralistes.
On l'aura compris tout est dans le rapport bénéfice en terme d'autonomie et risque en terme de détection, prise en charge et accompagnement.
En fait, le CCNE ne se prononce pas pour ou contre. Le Comité pose des garde-fous en cas de commercialisation de ces autotests et élargit la réflexion à celle d'une éventuelle commercialisation de dispositifs médicaux de diagnostic in vitro permettant la réalisation de tests sans accompagnement médical, et notamment de tests génétiques.
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