BISPHÉNOL A: Il dérègle aussi la thyroïde des femmes enceintes et des nouveau-nés
Cette nouvelle étude de Berkeley vient le bisphénol A (BPA), au cœur de l’actualité sanitaire, à de nouveaux effets, des changements dans les niveaux d'hormones thyroïdiennes chez les femmes enceintes et les nouveau-nés garçons. De « petits » changements au niveau de la thyroïde qui pourraient avoir un effet cognitif. Ces nouvelles données, publiées dans l’édition du 4 octobre de la revue Environmental Health Perspectives, viennent ajouter aux préoccupations sanitaires croissantes liées à l’usage du BPA.
Ces nouvelles conclusions interviennent alors qu'en France, le Sénat vient de repousser à 2015, l'interdiction du BPA dans les contenants alimentaires, pourtant déjà votée par l'Assemblée, prenant en compte les difficultés de substitution sécure des industriels et que l'Agence nationale de sécurité sanitaire française (ANSES) demande à l'Europe (ECHA) son classement comme toxique pour la reproduction.
Les auteurs rappellent que la fonction thyroïdienne normale est essentielle pour la croissance et le développement cognitif des fœtus et des enfants. Après avoir analysé les concentrations de BPA dans les urines de 335 femmes au cours de la seconde moitié de leur grossesse et les niveaux d'hormones thyroïdiennes dans des échantillons de sang prélevés chez les mères pendant la grossesse et chez les nouveau-nés quelques jours après la naissance, les auteurs constatent, avec un niveau d'exposition élevé, un effet d'hypothyroïdie chez la mère et d'hyperthyroïdie chez le nouveau-né garçon. Précisément, les chercheurs constatent qu'à chaque doublement des niveaux de BPA, est associée une diminution de 0,13 microgrammes par décilitre de thyroxine totale (T4) chez les mères pendant la grossesse, soit un effet d'hypothyroïdie et une diminution de 9,9% en hormone stimulant la thyroïde (TSH), soit un effet d'hyperthyroïdie.
Un impact possible sur le développement cognitif et moteur chez le jeune enfant : Le Dr Brenda Eskenazi, professeur d'épidémiologie et de santé maternelle et infantile à Berkeley et Jonathan Chevrier, épidémiologiste au Centre de recherche de Berkeley pour la recherche environnementale et la santé des enfants (CERCH) commentent ces résultats : «La plupart des femmes et des nouveau-nés dans notre étude avaient des niveaux d'hormones thyroïdiennes situés dans une fourchette normale, mais si l'on considère l'impact de ces résultats au niveau de la population, nous sommes préoccupés pour les personnes exposées à des niveaux extrêmes. Des études suggèrent que les petits changements du niveau de la thyroïde peuvent avoir un effet cognitif ». La même association n'a pas été identifiée chez les nouveau-nés filles mais des études sur l'animal apportent des indices, comme, sur le rat, des niveaux plus élevés d'une enzyme importante dans le métabolisme du BPA chez la femelle par rapport au mâle.
Plusieurs études récentes ont établi un lien entre des niveaux d'hormones thyroïdiennes plus faibles et des retards dans le développement cognitif et moteur chez le jeune enfant. Or, plus de 90% des femmes en âge de procréer présentent des niveaux détectables de BPA dans leurs urines.
Source: Environmental Health Perspectives Online October 4, 2012 doi:10.1289/ehp.1205092 Maternal Urinary Bisphenol A during Pregnancy and Maternal and Neonatal Thyroid Function in the CHAMACOS Study (Vignette Inserm, visuel@ © Konstantin Sutyagin - Fotolia.com)
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