CACHEXIE : Des scientifiques s’attaquent à sa biologie
Soutenus par les National Institutes of Health (NIH), ces chercheurs, oncologues de la Medical University of South Carolina (MUSC), travaillent résolument à une nouvelle approche pour régler un problème médical ancien : la cachexie, ce syndrome induit par le cancer qui provoque une perte de poids sévère et peut mener au décès. Ce nouveau programme de recherche va se concentrer sur la biologie sous-jacente à ce syndrome, caractérisé par une fonte extrême des muscles squelettiques et du tissu adipeux.
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C'est la première fois que de tels moyens financiers (près de 10 millions de dollars) sont accordés à un projet de recherche sur la cachexie. Pourtant, la condition affecte environ 50 % des patients atteints de cancer et est un facteur de décès chez environ un tiers d’entre eux. Caractérisée principalement par une perte musculaire mais aussi par des changements métaboliques, la condition n’est pas gérable par augmentation de l'apport alimentaire ou supplémentation nutritionnelle. Car le syndrome va bien au-delà de la perte de poids, représentant toujours un défi biologique et thérapeutique pour les cliniciens. Enfin, bien qu’associée à une mauvaise réponse aux traitements oncologiques, à une augmentation des hospitalisations et à un fardeau important pour les aidants familiaux, la cachexie reste encore insuffisamment prise en charge dans de nombreux centres et services d'oncologie. Ainsi, faute de traitement adapté, les patients atteints vont connaître un déclin de leur santé globale, souvent irréversible.
La cachexie constitue un domaine de recherche jusque-là négligé et pourtant prioritaire,
dans la mesure notamment ou elle appauvrit et le pronostic et la qualité de vie des patients. Le programme de recherche va explorer le rôle du macroenvironnement dans la cachexie -ici induite par le cancer du pancréas-. Pourquoi le cancer du pancréas ? Car l'adénocarcinome canalaire pancréatique diagnostiqué souvent très tardivement, et à très mauvais pronostic, est aggravé par la cachexie chez environ 70 % des patients atteints. L'étude de la cachexie dans ce cancer apparaît particulièrement légitime car la condition se développe dès les premiers stades du cancer, ce qui permet aux chercheurs d'en examiner la biologie dès le début.
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L’équipe de recherche dispose également d’une grande expertise du microenvironnement tumoral, des fibroblastes et des interactions des voies de signalisation dans le cancer. L’un des chercheurs, le Dr Guttridge étudie l'une des principales voies de signalisation inflammatoire, NF-κB, dans les muscles squelettiques. Or de précédentes études ont suggéré que la voie de signalisation NF-κB et d'autres molécules inflammatoires sont très actives dans la cachexie. Cependant, on ignore toujours comment l'inflammation, le cancer et la perte de poids excessive sont régulés et interagissent biologiquement.
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L'examen du macroenvironnement, in vitro et in vivo, du cancer du pancréas vise à identifier les voies de signalisation qui communiquent entre la tumeur et les microenvironnements environnants. Par exemple, les cellules du tissu conjonctif appelées fibroblastes se trouvent à la fois dans le muscle squelettique et dans les microenvironnements tumoraux ; cependant, on ne sait pas si les fibroblastes dans les différents microenvironnements répondent de manière similaire aux molécules inflammatoires.
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L'objectif de l'équipe est donc de décrypter la biologie sous-jacente à la fonte du muscle squelettique et de la graisse de patients atteints d’adénocarcinome canalaire pancréatique, et de cachexie. L’espoir est que ces nouvelles connaissances biologiques pourront conduire à de nouvelles cibles thérapeutiques et donc de nouvelles thérapies pour traiter la cachexie induite par le cancer mais aussi d'autres cachexies induites par d’autres affections telles que la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), l'insuffisance rénale chronique et l'insuffisance cardiaque congestive.
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