Campagne anti-H1N1 2009 : La vaccination devent hors de prix
Au-delà d'un bilan financier encore provisoire, le Sénat analyse sévèrement, sur la base du rapport de la Cour des comptes, la campagne de lutte contre la pandémie grippale et en affiche une conséquence dramatique, la désaffection actuelle des Français pour la vaccination. Des coûts réévalués à 0,7 milliards, un gaspillage de vaccins bien supérieur aux quotas habituels, la critique est lourde mais offre également de nombreuses pistes pour améliorer le dispositif national de réponse aux crises sanitaires.
Le coût de la campagne de vaccination est réévalué : A partir des chiffrages successifs établis par la DGS, la Cour des comptes évalue à environ 0,7 milliard d'euros le coût de la prévention de la pandémie grippale, - soit, comme on l'a déjà indiqué, plus de 110 euros par personne vaccinée. Cette estimation inclut le coût total des achats de vaccins ((dont 87 millions d'euros donnés à l'OMS), l'indemnisation des professionnels de santé libéraux (72 M €) mais ne comprend pas le coût des produits consommés à l'occasion de la pandémie mais qui avaient été acquis antérieurement (Tamiflu, masques).
Un gaspillage de vaccins très supérieur au pourcentage de perte (10 %) considéré comme « normal » avec un conditionnement en flacons multidoses : l'utilisation des vaccins : 44,05 millions de doses de vaccins ont finalement été acquises. Le nombre total de doses susceptibles d'avoir été utilisées sur le territoire national (France métropolitaine et Dom) s'établit à quelque 10,2 millions de doses sir lesquelles, seules 5,9 millions de doses seulement ont été utilisées pour vacciner (avec une ou deux doses) un peu moins de 5,4 millions de personnes. Sur les 7,3 millions de doses sorties des stocks pour être allouées aux centres de vaccination, seules quelque 5,2 millions ont été utilisées pour vacciner moins de 8,5% de la population. Plus de deux millions de doses ont donc disparu en plus des 691 000 déjà recensées comme devenues inutilisables et mises au rebut.
Un dispositif surdimensionné : Le rapport de la Cour des comptes procède à une analyse assez critique du système des bons de vaccination, géré par la Cnam, qui a nécessité et la constitution d'une base de données, l'édition et l'envoi de 65 millions de bons, le traitement de 6 millions de retours, pour un coût total de 54 millions d'euros. La Cour des comptes relève le « surdimensionnement » du dispositif, conçu pour vacciner 75 % de la population et qui n'en a accueilli que le dixième.
Une «3ème phase de communication » néfaste à l'image de la vaccination : C'est sans doute le principal reproche de la Cour des comptes, matérialisé par les conséquences de la communication du gouvernement de septembre 2009 à janvier 2010 : Non seulement le manque d'intérêt alors aggravé des Français pour la campagne de vaccination massive et gratuite anti H1N1 mais aussi l'actuelle désaffection à l'égard de la vaccination, comme en témoigne le médiocre succès, cette année, de la vaccination antigrippale saisonnière.
« Il convient donc de redonner, dans la politique de santé publique, sa place à la vaccination ».