CANCER COLORECTAL : C'est le mode de vie qui fait le risque
Aujourd'hui, le dépistage du cancer du côlon chez les patients sans antécédents familiaux est basé uniquement sur l'âge. Pourtant le mode de vie et la génétique ont une influence considérable sur le risque. Cette étude qui démontre avant tout que le risque de cancer colorectal est fonction de facteurs de mode de vie plus que génétiques, appelle, dans les Scientific Reports, à classer les patients par niveaux de risque plus ou moins élevés pour leur proposer une surveillance et un traitement plus personnalisés.
C'est concrètement le premier modèle de prévision du risque qui nous est proposé par ces chercheurs du groupe de recherche sur le cancer colorectal de l'Institut de recherche biomédicale de Bellvitge (IDIBELL). Ce modèle, qui combine l'information génétique et les facteurs de mode de vie souligne l'importance d'améliorer son mode de vie pour réduire le risque de cancer du côlon. Il remet en question le principe actuel du dépistage organisé basé sur l'âge du patient.
Cet outil mathématique permet de prédire quels patients sont les plus susceptibles de développer le cancer du côlon, réalisé à partir des données de 10.106 participants participant à l'étude multicentrique espagnole « MCC-Espagne ». Tous les participants ont été interviewés sur leurs éventuels facteurs de risque (régime alimentaire, exercice physique, indice de masse corporelle, alcool et antécédents familiaux de cancer, entre autres) puis les prédispositions génétiques ont été évaluées par test sanguin chez un sous-groupe de 1.336 cas de cancer colorectal vs 2.744 témoins. L'analyse conclut que :
-si 21 SNPs de susceptibilité au cancer colorectal ont été génotypés,
-le mode de vie influence le risque de cancer plus que la génétique,
-la modification d'un facteur de risque lié au mode de vie peut réduire de 4 points la « prédisposition » liée au risque génétique :
-ainsi, le modèle de risque environnemental, qui comprend la consommation d'alcool, l'obésité, l'activité physique, la consommation de viande rouge et de légumes et l'usage d'AINS contribue au risque en moyenne par facteur, de 36%.
-Les antécédents familiaux contribuent à une augmentation du risque de 125%,
-chaque SNP supplémentaire contribuant à une augmentation du risque de 7%.
-le risque chez les sujets présentant plus de 25 allèles de risque est accru de 82% vs chez les sujets porteurs de moins de 19 allèles.
Globalement, les facteurs environnementaux ont plus de poids dans le risque que le score génétique, ce qui devrait encourager les patients à rechercher un mode de vie plus sain.
« Investir » sur les facteurs modifiables : comme pour la prévention de toute maladie chronique, les chercheurs soulignent que de nombreux facteurs de mode de vie sont modifiables -contrairement aux traits génétiques- et permettent donc de réduire considérablement le risque de développement de cancer colorectal. Une nouvelle étude, COLSCREEN, pour « Personnalisation du risque de cancer colorectal » est déjà en cours pour, entre autres, connaître la perception sociale du dépistage génétique. Avec cette nouvelle étude, les chercheurs veulent évaluer l'utilité du système de score de risque pour le cancer colorectal de manière prospective sur la population d'une région de l'Espagne.
24 February 2017 doi:10.1038/srep43263 Risk Model for Colorectal Cancer in Spanish Population Using Environmental and Genetic Factors: Results from the MCC-Spain study
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