CANCER de l'ŒSOPHAGE: Les brûlures d'estomac, signes d'un risque de cancer?
Les patients atteints de l'œsophage de Barrett (OB), cette complication du RGO (reflux gastro-œsophagien) au cours de laquelle la muqueuse de l’œsophage est remplacée par une muqueuse de type intestinal, ont un risque de développer un cancer de l'œsophage jusqu’à plus de 100 fois plus élevé qu’en population générale. Or le cancer de l'œsophage peut être traité, mais à condition d’être détecté à stade précoce. Ces travaux présentent un test cellulaire, capable de révéler si les brûlures d'estomac ou l’œsophage de Barrettvont évoluer en cancer de l'œsophage.
On estime que la prévalence de l'œsophage de Barrett (OB) est d'environ 1% mais la maladie peut être asymptomatique chez jusqu'à 90% des patients. 10 à 15% des personnes atteintes de RGOC développent un OB, avec les mêmes symptômes du RGO (brûlures d'estomac, régurgitations acides, nausées, difficultés de déglutition, perte d'appétit, perte de poids, ulcères peptiques de l'œsophage et sténose œsophagienne), mais en plus sévères. Les patients atteints d'OB ont ensuite un risque de développer un cancer de l'œsophage et ce risque est estimé à 30 à 125 fois plus élevé qu'en population générale. Le cancer de l'œsophage, peu connu, présente cependant une incidence non négligeable de 5.000 cas environ par an en France. Ce cancer entraîne globalement le même nombre de décès chaque année. Dans 80 % des cas, il touche des hommes âgés de plus de 55 ans, et dans 90 % des cas, il est lié à la consommation de tabac et/ou d'alcool. Une précédente étude avait déjà ouvert, à l'aide d'un test d'haleine, la perspective de pouvoir diagnostiquer et traiter plus tôt ce cancer. Les chercheurs de la Queen Mary University of London et de l'Université d'Amsterdam proposent ici un nouveau test, destiné aux patients atteints de l'œsophage de Barrett et permettant de prédire le risque d'évolution vers un cancer de l'œsophage.
Les chercheurs ont prélevé deséchantillons de cellules œsophagiennes de 320 patients atteint d'OB depuis 3 années environ mais exempts de cancer, et ont tenté d'identifier des marqueurs de progression vers le cancer. Les participants ont été suivis durant 43 mois. Pendant le suivi, 20 participants (soit 6,3%) ont présenté une progression, 8 ont développé des lésions précancéreuses et 12 un cancer de l'œsophage. Les chercheurs constatent que les participants avec peu de diversité génétique dans leurs échantillons cellulaires sont peu susceptibles d'évoluer vers un cancer. En d'autres termes, la probabilité de progression semble principalement liée au degré de diversité génétique dans les cellules. Ou encore à des cellules génétiquement programmées pour être « néfastes ».
Ainsi, la diversité génétique des cellules œsophagiennes est corrélée au risque de progression d'un œsophage de Barrett vers un cancer de l'œsophage. Un test permettant d'évaluer cette diversité génétique cellulaire pourrait permettre de réduire la nécessité d'un suivi régulier chez les patients à faible risque de développer un cancer. Mais d'autres recherches sont nécessaires pour confirmer l'utilisation d'un tel test.
Enfin, les auteurs rappellent que si la cause exacte du cancer de l'œsophage est inconnue, arrêter de fumer, réduire sa consommation d'alcool, perdre du poids et avoir une alimentation saine sont autant de mesures simples qui contribuent à réduire le risque.
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