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CANCER du SEIN: Des millions de biopsies de trop

Actualité publiée il y a 8 années 4 mois 3 semaines
American Journal of Surgical Pathology

Le débat se poursuit sur le sur-diagnostic des cancers : il y a eu la question du dépistage systématique par test PSA du cancer de la prostate avec pour conclusion, la nécessité d’une décision de test personnalisée et éclairée. Puis le débat sur la mammographie. Avec, dans les deux cas, en ligne de mire, le risque de faux-positif, soit de sur-diagnostic, sur-biopsie et sur-traitement avec ses complications et ses conséquences psychologiques pour les patients. Ici les chercheurs de la Johns Hopkins Medicine parlent de millions de biopsies à l’aiguille, “de trop” pour l'analyse des récepteurs hormonaux des cancers du sein in situ. Un argumentaire de poids, à lire dans l’American Journal of Surgical Pathology.

Chaque année des milliers de femmes - et un petit nombre d'hommes – subissent des biopsies à l'aiguille, un prélèvement de tissu mammaire suspect réalisé sous anesthésie locale. Ensuite, les pathologistes vont déterminer si ce petit cylindre de tissu extrait est cancéreux et pouvoir caractériser la tumeur comme invasive ou non. Mais ces pathologistes de la John Hopkins parlent de « gâchis », expliquent que la biopsie est redondante avec le traitement actuel et, ne pratiquent plus en routine, depuis le début de l'année, ce test de biopsie à l'aiguille fine qui permet de caractériser le cancer du sein : en effet, pour les patientes avec le type le plus commun de cancer du sein non invasif, ces tests de routine pour les œstrogènes et de progestérone sont ici jugés à la fois inutiles et coûteux.


L'étude a porté sur 58 patientes récemment diagnostiquées avec ce cancer du sein non invasif (carcinome canalaire in situ), localisé dans les canaux mammaires d'où il est originaire et qui ne s'est pas diffusé dans le sein ou ailleurs. Les chercheurs ont étudié les dossiers médicaux des participantes qui avaient subi une biopsie à l'aiguille dans les 2 années précédentes. La raison de pratiquer un tel test a toujours été que ces patientes, à DCIS à récepteurs aux hormones positif peuvent tirer bénéfice de médicaments comme le tamoxifène pour bloquer les récepteurs et prévenir la récidive.

4 raisons pour abandonner cet examen en routine : les auteurs énumèrent plusieurs raisons de ne pas effectuer automatiquement cette biopsie.

1. Quels que soient les résultats des tests sur les récepteurs, le tissu mammaire restant dans la zone suspecte est enlevé chirurgicalement par tumorectomie ou une mastectomie. Par conséquent, les résultats de la biopsie ne modifient pas la thérapie.

2. Dans près de 20% des cas, l'excision révèle que le DCIS non invasif est effectivement accompagné d'un cancer invasif du sein. Donc, il va falloir re-tester la tumeur, manquée par la biopsie. Ce qui suggère que le test de biopsie de base pour le DCIS était inutile.

3. Dans les autres 80%, lorsqu'il n'y a pas de cancer invasif et que le résultat de biopsie est négatif, la plupart des médecins vont recommander une ré-analyse du DCIS dans les tissus excisés car l'expression des récepteurs hormonaux peut être hétérogène et la biopsie a pu manquer une zone suspecte.

4. Bien que la thérapie hormonale (Tamoxifène) puisse réduire légèrement le risque de récidive de la tumeur, des études antérieures ont montré que la thérapie n'a finalement aucun effet sur la survie du patient. Et puis, il y a les effets secondaires du traitement. C'est pourquoi, soulignent les auteurs, en pratique, même après confirmation d'un statut à récepteurs aux hormones positif, les 2 tiers des patientes ne recevront pas l'hormonothérapie. Donc, encore une fois, la biopsie était inutile.

Un grand « gâchis » : en généralisant ces données locales aux pays et aux régions, ce sont des millions de dollars dépensés en examens invasifs non justifiés. Eviter de pratiquer cet examen en routine pourrait ainsi permettre des économies considérables.


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