CICATRISATION et TUMORIGENÈSE : Un même processus en commun
Un mécanisme partagé par le processus de cicatrisation des plaies et le développement des tumeurs est mis en lumière par cette recherche de l’Université de Rockefeller. Si les scientifiques ont depuis longtemps entrevu des similitudes entre ces deux processus, dont l’angiogenèse ou la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, ces nouvelles données, présentées dans la revue Cell, pourraient déboucher sur de nouveaux traitements mieux ciblés contre le cancer et qui entraînent moins de dégâts collatéraux que la chimiothérapie conventionnelle.
La recherche à l'Université Rockefeller permet de mieux cerner les points communs de ces 2 processus mais aussi de comprendre comment ils diffèrent au niveau moléculaire : au cœur de la cancérogenèse et de la réparation tissulaire, les cellules souches jouent un même rôle clé : elles se multiplient pour produire de nouveaux tissus, qui dans un cas vont faire croître la tumeur et dans l'autre, contribuer à l'épithélialisation. Pour voir comment les cellules souches se comportent précisément dans ces 2 scénarii, l'équipe a comparé deux types distincts de cellules souches présentes dans la peau de la souris. -Un ensemble de cellules souches, à la base du follicule, qui se différencie pour former les cheveux ; -un autre ensemble qui produit de nouvelles cellules de peau.
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Un « flou » génétique en commun dans les 2 processus : dans des conditions normales, ces deux populations de cellules sont physiquement distinctes, ne produisant que leurs tissus spécialisés respectifs. Mais lorsque les chercheurs examinent attentivement l'activité génétique dans les tumeurs de la peau, ils identifient une convergence remarquable de ces 2 types de cellules : les cellules souches du follicule expriment des gènes normalement réservés aux cellules souches de la peau et vice versa. Et, de la même manière, sur les berges de plaies, les chercheurs identifient le même flou génétique entre les 2 ensembles de cellules souches.
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2 gènes liés à l'identité en cause : ces gènes codent pour des molécules « régulateurs maîtres », qui jouent un rôle clé dans la spécialisation des cellules souches (ici en cellules de follicule pileux ou de peau). Les chercheurs suggèrent que les signaux de stress du tissu entourant la plaie ou la tumeur pourraient déclencher un dysfonctionnement de ces régulateurs maîtres. Pour assurer leur mission, les régulateurs maîtres se lient à certaines régions d'ADN et induisent ainsi des changements critiques dans l'expression des gènes. Mais les signaux de stress, en cas de plaie ou de tumeur, induisent les régulateurs maîtres à se lier à de nouvelles régions d'ADN et entraînent ainsi une suractivation de ces gènes liés à l'identité.
Les plaies peuvent cicatriser naturellement, pas les tumeurs : le cancer peut croître indéfiniment : ces travaux expliquent que si les signaux de stress finissent par diminuer dans la cicatrisation des plaies, ils peuvent persister dans le cancer et cette signalisation prolongée du stress déclenche toute une cascade de changements moléculaires spécifiques au cancer. « Les tumeurs ont été décrites comme des plaies qui ne guérissent jamais », ces travaux identifient des agents spécifiques qui, lorsqu'ils sont activés, maintiennent les cellules tumorales dans une identité floue ».
Les auteurs espèrent que cette découverte pourra conduire à des traitements ciblés sur les tumeurs avec moins d'effets secondaires que la chimiothérapie standard. « Nous testons actuellement la spécificité de ces agents de développement du cancer sur des lignées de cellules humaines pour développer des thérapies ciblant les cellules tumorales et capables de préserver les tissus indemnes ».
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