CO-SLEEPING: Et si d'autres facteurs renforçaient le risque de mort subite
Cet éditorial d’un professeur de santé infantile et physiologie du développement de l’Université de Bristol, publié dans le British Medical Journal fait un point précis sur les dangers, pour le nourrisson, du co-sleeping. Si associé par la littérature à un risque accru pour le bébé de mort subite, le co-sleeping n’en est pas moins également associé à un contact étroit avec la mère, avec ses avantages pour le bébé, et à la pratique de l'allaitement maternel, elle-même associée à un taux de mortalité réduit chez le nourrisson. L’auteur prêche donc pour une décision éclairée des parents sur cette pratique du co-sleeping. S’il n’y est pas favorable et confirme l’association co-sleeping et syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN), il rappelle que d’autres facteurs eux-mêmes associés à la pratique sont très probablement directement responsables du risque pour le bébé.
Le Pr Peter J Fleming rappelle ainsi que fumer, consommer de l'alcool ou des drogues récréatives est souvent associé à la pratique du co-sleeping et à ses risques. De plus, pratiquer le co-sleeping n'est pas porteur du même niveau de risque, selon les surfaces de sommeil.
Le co-sleeping, une pratique « naturelle » ? L'auteur rappelle que tout au long de l'évolution humaine et dans la plupart des régions du monde, ce partage de la mère avec l'enfant d'une surface de sommeil fait partie de « l'expérience normale » de la plupart des nourrissons. Un contact étroit non sans avantages pour le bébé car il facilite l'allaitement maternel, qui lui-même permet de réduire la mortalité infantile. Une association bidirectionnelle co-sleeping – allaitement maternel a ainsi été démontrée par des études. De plus, on peut parler de comportement naturel, même si non recommandé, alors qu'environ 20 à 25% des nourrissons connaîtraient un co-sleeping partiel ou pour la totalité de la nuit. La question est donc posée et à reposer.
D'autres facteurs entrent en jeu : Cependant, force est de constater qu'avec les campagnes de prévention recommandant le couchage de l'enfant sur le dos, l'incidence du syndrome de mort subite du nourrisson a chuté, alors que dans le même temps la proportion de ces décès survenus en cas de co-sleeping a augmenté. Mais d'autres facteurs s'avèrent fréquemment associés à la pratique, comme le tabagisme, la consommation d'alcool et de drogues des parents. Enfin, et c'est un point nouveau mis ici en exergue, le lieu du co-sleeping a lui-aussi toute son importance : « Co-dormir » sur un canapé ou un fauteuil, même sans ces facteurs est lié à un risque considérablement accru, tout comme dormir avec un bébé né prématurément ou à faible poids de naissance.
Un co-sleeping sans aucun autre facteur de risque et par les mères qui allaitent est-il dangereux ? C'est la question posée par l'auteur, qui ne doit pas faire oublier le message clair « pas de co-sleeping », mais mérite d'être tranchée par les données scientifiques.
2 méta-analyses ont traité le sujet. La première menée sur 5 études cas-témoins conclut que, même en l'absence de tabagisme des parents, la consommation d'alcool ou la prise de drogue, le co-sleeping est bien associé à un risque de décès infantile. La seconde menée sur 2 études conclut que la quasi-totalité du risque est expliquée par les effets du tabagisme parental, leur consommation d'alcool ou par des environnements de sommeil inappropriés. Enfin l'auteur cite les évaluations menées par le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) britannique, menées à partir de plusieurs grandes études et méta-analyses. Ces évaluations ne font malheureusement pas cas de facteurs collatéraux.
Une association bien réelle mais complexe : On conclura que l'association est bien là et démontrée statistiquement, et que le co-sleeping est bien dangereux pour le bébé. Mais les parents doivent également être conscients des autres facteurs de risque, tels qu'évidemment le couchage sur le ventre ou un environnement de couchage non adapté, avec des couvertures ou autres objets dans le lit du bébé. Les parents doivent également savoir que d'autres facteurs vont renforcer le risque de mort subite associé au co-sleeping, soit
- la prématurité ou le faible poids de naissance,
- le tabagisme et la consommation d'alcool ou de drogues,
- ainsi qu'un endormissement sur un canapé ou encore un fauteuil, avec le bébé.
En synthèse, qu'il soit intentionnel ou non, le co-sleeping est bien associé au risque de mort subite, mais les professionnels de la santé doivent également informer les parents des risques eux-mêmes associés au co-sleeping. Préciser les facteurs de risque, conclut l'auteur, ne peut que contribuer
à réduire le nombre de morts évitables du nourrisson.
Source: BMJ 2015; 350: h563 02 February 2015 Making informed choices on co-sleeping with your baby (Visuel © Alexandr Vasilyev - Fotolia.com)
Lire aussi : CO-SLEEPING: 5 fois plus de risque de mort subite du nourrisson –
COUCHAGE du petit enfant: Sur le dos et pas de co-sleeping! -
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