CONTRACEPTION: Tirer parti de la crise pour innover, recommande l'Académie
Si, dans l’immédiat, les méthodes contraceptives autorisées doivent rester disponibles, et sous stricte surveillance, la crise française « Diane® 35 » et sa suspension d'AMM au 21 mai prochain, motivent aujourd’hui notre Académie de médecine à adopter un objectif de meilleure maitrise de la contraception, tant par l’éducation des médecins comme des patientes que par l’innovation avec le développement de nouveaux modes de contraception moins nocifs, à plus longue durée ou encore également efficaces contre les IST. Il s’agit, pour l’Académie de tirer parti d’une crise pour augmenter la qualité de vie des femmes et, diminuer encore le nombre de grossesses non désirées.
Pour une politique de prévention agressive et non de réduction du choix : L'accès des femmes à la contraception a transformé leur vie mais reste le très grand nombre de grossesses non désirées et d'interruptions volontaires de grossesse qui rend indispensable le renforcement de l'offre contraceptive. Alors que la contraception œstroprogestative est la méthode la plus utilisée en France chez les femmes jeunes du fait de son efficacité et de la simplicité de son usage, le revers de la médaille, écrit l'Académie, est une augmentation du risque de thrombose, essentiellement veineuse (phlébite, éventuellement compliquée d'embolie pulmonaire) de 3 à 7 fois plus élevé que chez les non utilisatrices. Un risque partagé par toutes les contraceptions hormonales contenant de l'éthinylœstradiol et un progestatif quel qu'il soit, mais plus élevé encore avec les pilules dites de 3ème et 4ème générations. L'Académie se prononce donc pour une politique de prévention agressive, et non de réduction du choix des méthodes contraceptives, ce qui augmenterait le nombre de grossesses non désirées, et les risques qui leur sont associés.
Faut-il interdire les pilules de 3ème et 4ème génération ? L'Académie juge que cette interdiction ne serait pas raisonnable, compte tenu de leur tolérance clinique parfois supérieure aux contraceptifs de deuxième génération et d'une augmentation du risque d'ATEV limitée, lorsqu'elles sont utilisées en deuxième intention. Quant aux pilules de 4ème génération, malgré leur sur-risque de l'ordre de celui des pilules de 3ème génération, ou faiblement plus élevé, leur usage devrait être réservé à prescription en deuxième intention combinée avec une surveillance étroite et régulière.
Les recommandations de l'Académie, pour une meilleure maîtrise de la contraception, couvrent à la fois l'éducation des professionnels comme du public, la surveillance de la prescription jusqu'aux facteurs de risque et enfin la recherche vers de nouveaux modes de contraception moins « risqués » ou plus largement ou longtemps efficaces. Ainsi, l'Académie évoque,
· La nécessité d'une éducation des médecins et des autres acteurs de la contraception, et l'information écrite des femmes sur les risques thrombotiques, et de la façon de les reconnaitre.
· Une meilleure connaissance et surveillance des conditions de prescription et de recours aux différentes méthodes de contraception (pharmaco surveillance et pharmaco épidémiologie), mais aussi des facteurs de risque dont les prédispositions génétiques,
· Poursuivre la recherche pour identifier de nouvelles cibles contraceptives, à la fois pour la contraception d'urgence et de la contraception « à la demande », avec l'objectif de mettre au point des méthodes contraceptives avec des estrogènes moins agressifs, de tester de nouvelles méthodes d'administration des œstrogènes naturels par voie transdermique, de réduire les effets secondaires, de développer des méthodes qui auraient une longue durée d'action voire aussi une efficacité contre la transmission des IST.
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