COVID-19 : 3 expositions à « Spike » apportent une protection contre Omicron
3 expositions à la protéine de pointe Spike suffisent à conférer une large immunité en anticorps, y compris contre le variant Omicron, conclut cette équipe de Université Louis-et-Maximilien de Munich. Alors que depuis le début de la pandémie COVID-19, le SRAS-CoV-2 n'a cessé d'évoluer, avec de nouvelles variantes préoccupantes (VoC : Variants of Concern) se propageant rapidement. Très contagieux et partiellement capable d'échapper à la réponse immunitaire, qu’Omicron est devenu aujourd’hui la variante dominante dans la plupart des pays, ces données peuvent éclairer les politiques de Santé publique.
Â
Il s’agit en effet pour les Autorités sanitaires de savoir comment le système immunitaire peut être « éduqué » pour combattre Omicron et, dans l’avenir, d'autres variantes du virus avec échappement immunitaire. L’équipe dirigée par les Pr Ulrike Protzer, Percy Knolle et Oliver T. Keppler répond avec cette étude longitudinale, clairement à la question.
3 expositions, vaccination(s) ou infection(s) suffisent
Si une récente étude avait associé le degré de protection au nombre d’expositions, cette nouvelle recherche précise en clair, le nombre d’exposition suffisant à apporter une protection, y compris contre les nouveaux variants : 3 expositions à la protéine de pointe virale peuvent résulter d’un schéma de vaccination à 3 doses, d’une infection préalable suivie de 2 injections vaccinales, ou encore d’une double vaccination suivie d’une infection de percée ou « breakthrough infection ».
Â
Une solide protection : 3 expositions induisent une solide production d'anticorps neutralisants, donc à la fois en quantité, mais également en qualité. Ces anticorps de haute qualité se lient plus vigoureusement à la protéine de pointe virale et sont également capables de combattre efficacement la variante Omicron.
Â
L’étude longitudinale a suivi 171 participants régulièrement testés, depuis le début de la pandémie. Les chercheurs ont identifié les participants ayant contracté le SRAS-CoV-2 lors de la première vague de la pandémie au printemps 2020, et les ont comparés à un deuxième groupe de participants n'avaient pas été infectés. Par la suite, les deux groupes se sont vu proposer la vaccination avec le vaccin ARNm de BioNTech/Pfizer puis ont été suivis pendant près de 2 ans.
- 98 participants ont contracté et récupéré de l’infection ;
- 73 participants n’ont pas été diagnostiqués avec une infection.
Les chercheurs ont ainsi pu suivre l'évolution de la réponse immunitaire dans le temps contre le virus et après la vaccination. Précisément, l’équipe a suivi les marqueurs suivants, permettant d’estimer l'étendue de l'immunité protectrice : la concentration d'anticorps dirigés contre la protéine de pointe virale, la force de liaison de ces anticorps et leur capacité à neutraliser l'infection des variants du SRAS-CoV-2 en culture cellulaire. L’analyse révèle que :
Â
- la capacité du système immunitaire à neutraliser le virus n'est que faiblement corrélée au titre d'anticorps ;
- en revanche, l’efficacité ces anticorps à se lier au virus est primordiale pour lutter contre l’infection ;
- Omicron est confirmé comme le variant ayant la plus forte capacité d’échappement ; ainsi, pour lutter contre Omicron, nous avons besoin d'anticorps en nombre suffisant mais aussi « de bonne qualité » ;
- 3 expositions distinctes à la protéine de pointe permettent de développer une activité neutralisante de haut niveau contre toutes les variantes virales, y compris Omicron ;
- « peu importe » la forme de ces expositions : les personnes triplement vaccinées sans infection antérieure par le SRAS-CoV-2 présentent quasiment la même quantité et la même qualité d'anticorps neutralisants contre Omicron que les personnes ayant récupéré d’une infection, puis doublement vaccinées ou encore les personnes doublement vaccinées puis infectées.
Â
Quelle que soit la configuration de ces 3 expositions, l'activité de neutralisation a atteint des niveaux aussi élevés avec force de liaison accrue des anticorps. Ainsi l'immunité peut être « construite », ou naturelle.