COVID-19 : Appel à ne pas « distancier » les plus âgés
C’est un appel à une meilleure prise en compte des personnes âgées dans les pays pauvres, mais pas seulement, dans la réponse mondiale à COVID-19, que lance ce groupe d’experts en Santé publique de l’Université d'East Anglia (UK). Selon ces chercheurs, qui publient dans le British Medical Journal (BMJ), les orientations actuelles « ignorent » en grande partie les implications des mesures de confinement, pour ces personnes les plus à risque. La demande est simple, inclure de manière explicite dans la réflexion, et dans la réponse nationale et mondiale à COVID-19, une perspective de l’âge.
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Les experts conviennent que le plus grand nombre de décès se produira chez les personnes âgées dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Ces pays comptent 69% de la population mondiale âgée de 60 ans et plus, et leurs systèmes de santé sont, en général moins développés et moins axés sur les besoins des personnes âgées que dans les pays à revenu élevé. « La réponse mondiale au coronavirus doit être dirigée vers les groupes qui feront face aux conséquences les plus dévastatrices. Jusqu'à présent, ce n’est pas le cas. Nous sommes confrontés à une situation sans précédent".
« une énorme vague de mortalité parmi les personnes âgées ».
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Le risque est objectivement élevé pour les plus âgés : Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, le risque d'infection pour les personnes âgées est élevé pour de multiples raisons : les personnes âgées vivent souvent dans des conditions de vie exiguës et surpeuplées. Les conditions de vie dans les maisons de soins infirmiers ou les établissements similaires à nos EHPAD sont souvent mauvaises et la réglementation peu développée pour protéger ces patients plus âgés. Comme partout dans le monde, les personnes âgées sont aussi celles à plus forte prévalence de comorbidités. Et on sait aujourd’hui que non seulement ces comorbidités ne doivent pas être négligées mais qu’elles devraient même peser dans la classification des patients et des degrés de sévérité. Enfin, ce risque accru est aujourd’hui bien documenté, estimé à près de 15% chez les plus de 80 ans, selon les CDC chinois.
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La distanciation sociale pourrait « précariser » encore un peu plus : les experts appellent les décideurs politiques à tenir compte de la précarité et de l’isolement préexistants de nombreuses personnes âgées, en particulier de celles qui vivent seules ou dépendent des autres pour le quotidien. Ces personnes pourraient être confrontées à des obstacles supplémentaires pour obtenir de la nourriture et d'autres fournitures essentielles si les conditions de confinement deviennent trop rigoureuses.
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L’accès au dépistage et aux traitements reste encore plus limité pour les plus âgés : l’exemple est donné de l’Afrique du Sud : chaque test coûte environ 75 $ ce qui dépasse le total annuel des dépenses publiques de santé par habitant. C’est le cas dans de nombreux autres pays à revenus faible ou intermédiaire. Même avant l'émergence de l’épidémie de COVID-19, les personnes âgées se heurtaient déjà à d'importants obstacles à l'accès aux services de santé et au soutien.
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« Il ne sera pas simple de régler ces problèmes », écrivent les auteurs, « en particulier dans ces contextes où les infrastructures de santé publique sont souvent faibles et où le manque d'expertise gérontologique est flagrant à tous les niveaux du système de santé. Cependant, une première étape serait de reconnaître que ces problèmes existent. En incluant, notamment de manière explicite cette dimension de l’âge dans la réponse à l’épidémie COVID-19 ».
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Les auteurs appellent donc à un groupe mondial d'experts en gérontologie qui pourrait soutenir et optimiser avec des conseils et des directives, la réponse au virus mise en oeuvre pour les personnes âgées dans les institutions et à domicile .