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COVID-19 : Dans le brouillard complet de l’épidémie

Actualité publiée il y a 4 années 9 mois 5 jours
OMS
Les initiatives de recherche, menées selon des méthodologies et des axes très divers restent peu coordonnées.

Au 19 février, l’épidémie de pneumonie associée au nouveau coronavirus COVID-19 (ex « 2010-nCoV ») poursuit sa propagation avec plus de 75.000 cas confirmés et plus de 2.000 décès (selon le GISAID). En dépit de la chaine de soutien logistique de l’Organisation mondiale de la Santé et des mesures mises en œuvre, l’épidémie n’est pas contrôlée et les scientifiques et les autorités peinent à comprendre et à anticiper sa propagation et à évaluer l'efficacité des différentes approches pour la maîtriser. Plusieurs équipes de recherche travaillent à des modélisations de propagation du coronavirus, en particulier dans l’objectif d’identifier les mesures les plus efficaces pour l’endiguer. Cependant, ces initiatives, menées selon des méthodologies et des axes très divers restent peu coordonnées.

Des prévisions à 5, 10 et 15 jours à l'avance pour la province du Hubei (capitale Wuhan) et les autres provinces chinoises

L’importance de se coordonner dans le brouillard complet de l’épidémie

 

  • Une étude de modélisation (2), réalisée par une équipe de l'Université de Hong Kong et publiée dans le Lancet (3) apporte une première prévision de l'étendue des risques nationaux et mondiaux de santé publique. Si le modèle aboutit à une estimation de nombre de cas 7 fois supérieure au nombre de cas confirmés, les chercheurs prennent les précautions d’usage et précisent qu’en l'absence d'une chronologie solide et détaillée des enregistrements des cas suspects, probables et confirmés, la taille exacte de l'épidémie et son potentiel pandémique restent encore flous.

 

  • Citons cette autre modélisation (4) d’une équipe du John Hopkins qui confirme que les cas confirmés en laboratoire ne seraient que la pointe extrême de l’iceberg, le nombre de cas réels pouvant être 2 à 10 fois plus élevé. Ou encore cette analyse (5) de chercheurs de Southampton, de l'Université de Toronto et du China Center for Disease Control and Prevention, de centaines de milliers de données de téléphone portable et d'adresse IP anonymisées et de données sur les voyages aériens internationaux : l’analyse aboutit à une liste de 18 villes de Chine continentale et de 30 grandes villes internationales particulièrement menacées sur la prochaine période de 3 mois.

 

  • Plus récemment, une équipe de la Tulane University School of Science and Engineering, de la Georgia State University et de l'Agence de la santé publique du Canada, a présenté dans la revue Infectious Disease Modeling, une modélisation (6- visuel 2) permettant de générer des prévisions à 5, 10 et 15 jours à l'avance pour la province du Hubei (capitale Wuhan) et les autres provinces chinoises. En comparant leurs prévisions quotidiennes à court terme aux cas confirmés, les chercheurs peuvent affiner leur modèle. Ces prévisions peuvent aider les responsables à prévoir les ressources nécessaires pour faire face à l'épidémie, ainsi que pour prédire l'intensité et le type d'interventions nécessaires pour la contrôler.  Alors que de nombreuses équipes travaillent indépendamment pour prédire la propagation de COVID-19, ces scientifiques appellent à la coordination des équipes de recherche, sous l’égide de l’OMS.  « Dans le brouillard complexe de l’épidémie, le monde a besoin d'actions guidées par un consensus d'experts, guidés eux-mêmes par des modèles qui explorent des scénarii de réponse ».

 

  • Enfin, rappelons cette récente revue exhautive (7) de l’Université UmeÃ¥ (Suède) qui empreinte un tout autre axe de recherche. A partir de précédentes études menées sur la transmissibilité des autres coronavirus, l’étude suggère que « le nouveau coronavirus est au moins aussi transmissible que le virus SRAS » et que les chiffres avancés par l’OMS sont très sous-estimés.

 

L’OMS vient de mettre à disposition des Autorités sanitaires des différents pays, des protocoles d’études visant à évaluer l'épidémiologie et les caractéristiques cliniques des cas dans différents contextes (1). Ces protocoles et formulaires ont été conçus pour que les données puissent être collectées et partagées rapidement. L’OMS appelle donc tous les pays et centres d'études à contribuer à cet effort indépendamment du volume de cas confirmés.