COVID-19 : Découverte d'un biomarqueur du risque de complications
5% des patients atteints de COVID-19 vont développer une forme plus sévère de la maladie avec dans certains cas un syndrome de détresse respiratoire aiguë qui nécessitera une prise en charge en soins intensifs. Cependant à ce jour, dans la plupart des cas, lors de l’hospitalisation, les médecins restent surpris par l’évolution de la maladie. Cette équipe française, composée de chercheurs de l’Inserm, de l’Institut Imagine, de l’APHP et de l’Institut Pasteur décrivent ici, dans la revue Science, la première signature prédictive d’une inflammation excessive et donc d’une forme plus sévère de la maladie.
Â
L’évolution des patients infectés par le nouveau coronavirus a fréquemment été décrite comme imprévisible par les cliniciens, même si, dans la plupart des cas, à une forme légère à modérée succèdent généralement les complications, respiratoire de 9 à 12 jours après l'apparition des premiers symptômes. Pourtant, pouvoir détecter les patients à risque élevé de complications sévères est essentiel pour améliorer leur prise en charge et leur pronostic. Alors que chez ces patients, cette dégradation soudaine de l’état de santé s’est au fil des études expliquée par une sorte de tempête de cytokines, l’équipe française identifie ici un phénotype immunologique unique et inattendu chez les patients graves et critiques : une réponse fortement altérée des interférons (IFN) de type I, associée à une charge virale sanguine persistante et à une réponse inflammatoire excessive.
Découverte d’une signature immunologique caractéristique des patients à risque de complications
- Par analogie avec une maladie génétique conduisant à une pathologie pulmonaire proche, les chercheurs avaient d’abord émis l’hypothèse d’une production excessive d’interférons (IFN) de type 1, un marqueur de la réponse aux infections chez les patients les plus sévèrement atteints. Cependant, le constat chez ces patients est, au contraire une production et une activité des IFN de type I fortement diminuées ;
- seconde caractéristique, une charge virale sanguine persistante, qui révèle le mauvais contrôle de la réplication virale par le système immunitaire ce qui participe à la réponse inflammatoire excessive ;
- cette inflammation entraîne une augmentation de la production et de la signalisation du facteur de nécrose tumorale (TNF)-alpha et de l’interleukine IL-6, une cytokine pro-inflammatoire.
Â
Le taux d’interférons de type 1 semble caractéristique de chaque stade de la maladie
- de faibles taux d’IFN de type 1 dans le plasma précèdent l’aggravation clinique des patients et leur transfert en soins intensifs ;
- les taux les plus bas sont ensuite observés chez les patients les plus gravement malades ;
- « la déficience en IFN de type I pourrait être une signature des formes graves et permettre d’identifier les patients les plus à risque de ces complications ».
Â
De nouvelles pistes thérapeutiques ? Les auteurs suggèrent que compenser ces faibles niveaux d’IFN de type 1, par l’administration d’IFN-alpha, combinée avec une thérapie anti-inflammatoire ciblant l’IL-6 ou le TNF-α, ou des corticoïdes comme la dexaméthasone, chez les patients les plus sévères pourrait être une option possible pour enrayer les formes sévères de COVID-19.
Â
En conclusion, la déficience en IFN de type I dans le sang pourrait être un marqueur prédictif de formes sévères de COVID-19 et permettre de détecter les patients qui vont avoir besoin d’une prise en charge et d’une surveillance particulières.