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COVID-19 : Des lésions pulmonaires et cardiaques qui cicatrisent avec le temps

Actualité publiée il y a 4 années 2 mois 1 semaine
European Respiratory Society International Congress
COVID-19 : si la cicatrisation est au bout du chemin, celui-ci est plus court avec une rééducation précoce (Visuel Adobe Stock 370349726)

Différentes études présentées lors de l’European Respiratory Society International Congress et publiées dans l’European Respiratory Journal confirment que les patients atteints de formes sévères de COVID-19 souffrent de lésions pulmonaires et cardiaques à long terme, mais ouvrent aussi l’espoir d’une guérison complète avec le temps. Ces études confirment que si la cicatrisation est au bout du chemin, celui-ci est plus court avec une rééducation précoce dès l’arrêt de la ventilation et la sortie des soins intensifs.

 

L’équipe du Département de radiologie de l’Université médicale d'Innsbruck (Autriche) rappelle l’incidence élevée de lésions pulmonaires et cardiaques à long terme chez les patients pris en charge en réanimation. Cependant, ici, le suivi de 86 de leurs patients, hospitalisés à la clinique universitaire d'Innsbruck et dans d’autres établissements autrichiens montre que la plupart de ces patients ont aujourd’hui totalement guéri.

Tomodensitométrie d’un patient COVID-19 montrant les dommages aux poumons en rouge (Visuel Gerlig Widmann and team, Department of Radiology, Medical University of Innsbruck)

Des lésions durables qui guérissent avec une rééducation précoce

Ces participants étaient âgés de 61 ans en moyenne, à 65% des hommes, pour moitié des fumeurs actuels ou anciens et pour 65% en surpoids ou obèses. 21% ont été pris en charge en soins intensifs (USI), 19% ont reçu une ventilation mécanique invasive et la durée moyenne de l’hospitalisation était de 13 jours. Les participants devaient revenir pour une évaluation 6, 12 et 24 semaines après leur sortie de l'hôpital pour une évaluation clinique, des tests de laboratoire, l’analyse des quantités d'oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang artériel, des tests de la fonction pulmonaire, des tomodensitométries et des échocardiogrammes. Ce suivi constate que :

  • à la première visite, plus de la moitié des patients présentaient au moins un symptôme persistant, principalement un essoufflement (47%) et une toux (15%). Les scanners montraient encore des lésions pulmonaires chez 88% d’entre eux ; 23% avaient des scores insuffisants aux tests respiratoires.
  • à 12 semaines, les symptômes étaient considérablement réduits, dont l’essoufflement (39%), les lésions pulmonaires étaient réduites de 56% ; 19% avaient encore des scores insuffisants aux tests respiratoires.
  • les évaluations à 24 semaines seront prochainement disponibles.

 

Une insuffisance pulmonaire à la sortie de l’hôpital : la plupart des patients qui sortent de l’hôpital souffrent en effet toujours, pour la plupart, d’insuffisance pulmonaire, précisent les chercheurs. Cependant, cette déficience a tendance à se réduire avec le temps,

« ce qui suggère un mécanisme de réparation efficace des poumons à l’œuvre »,

explique l’auteur principal, le Dr Sabina Sahanic, de l’Université d'Innsbruck. Ainsi, les scanners montrent que le score de sévérité de la lésion pulmonaire globale passe de 8 points à 6 semaines à 4 points à 12 semaines. Les dommages causés par l'inflammation et le liquide dans les poumons associés au COVID-19, qui apparaissent sur les scanners sous forme de plaques blanches appelées « verre dépoli », se sont également résorbés.

 

Le dysfonctionnement diastolique ventriculaire, symptôme de forme sévère de COVID-19 :  à 6 semaines, les échocardiogrammes montrent que 58% des patients présentent un dysfonctionnement du ventricule gauche du cœur. Les indicateurs biologiques de lésions cardiaques, de caillots sanguins et d'inflammation sont tous significativement élevés. Les chercheurs considèrent que le dysfonctionnement diastolique ventriculaire gauche n’est pas obligatoirement spécifique au COVID-19, mais plutôt un signe de gravité de la maladie.

Ce dysfonctionnement diastolique tend également à s'améliorer avec le temps

 

Les soins de suivi sont donc essentiels pour les patients atteints d'une infection sévère à COVID-19. En particulier, le suivi des lésions pulmonaires par scans réguliers.

 

La rééducation pulmonaire prend, elle-aussi, une importance toute particulière pour les patients touchés par ces lésions pulmonaires. Une autre étude montre que plus tôt les patients COVID-19 commencent leur rééducation pulmonaire après l'arrêt de la ventilation, meilleure et plus rapide est leur récupération. Les patients atteints de COVID-19 sévère peuvent en effet passer des semaines en soins intensifs sous ventilation. L’absence de mobilité, l'infection et l'inflammation, entraînent une perte musculaire sévère. Les muscles respiratoires sont également affectés, ce qui affaiblit la capacité respiratoire. La rééducation pulmonaire, qui implique des exercices physiques et des conseils sur la gestion des symptômes, y compris l'essoufflement et le trouble de stress post-traumatique, est essentielle pour favoriser la récupération.

Ici, 19 patients ayant passé en moyenne 3 semaines en réanimation et 2 semaines de suivi à l’hôpital puis 3 semaines en rééducation ont retrouvé à l’issu de la rééducation 43% en moyenne de leur capacité motrice et respiratoire, vs 19% à la sortie de l’hôpital, ce qui suggère une atteinte qui persiste mais une récupération tout de même significative.

« Les patients admis en rééducation pulmonaire peu de temps après avoir quitté les soins intensifs progressent plus rapidement que ceux qui restent plus longtemps à l’hôpital », expliquent les auteurs :

« plus tôt la réadaptation commence et plus longtemps elle dure, plus l’amélioration est là ».

Cependant, le début de la rééducation dépend aussi de la stabilité médicale des patients. «Ces résultats suggèrent néanmoins que les médecins devraient commencer la réadaptation le plus tôt possible, dans la mesure du possible, et que les patients devraient essayer de passer le moins de temps possible inactifs. Si le médecin juge que c'est sûr, le patient devrait commencer les exercices de physiothérapie à l'hôpital même. »

 

Ces différentes données montrent à quel point il est essentiel pour les patients de commencer une rééducation pulmonaire dès qu'ils en sont physiquement capables. C'est pourquoi la rééducation peut également être commencée dans le service hospitalier même, si possible.