COVID-19 et dons de sang : Quel risque de virémie ?
C’est une mise en garde de cette équipe chinoise, contre le risque de présence d'ARN viral dans des dons de sang de donneurs asymptomatiques. On sait aujourd’hui que le coronavirus SARS-CoV-2 associé à l’épidémie COVID-19, peut être transmis par des personnes infectées pré ou asymptomatiques mais on réalise toujours au fil des études le risque de nouvelles voies de transmission possibles. Si ces travaux présentés dans la revue Emerging Infectious Disease des CDC ne démontrent pas l’infectiosité des échantillons de dons de sang testés positifs, ils suggèrent a minima la nécessité de dépister les donneurs avec des tests à haute sensibilité et de les suivre ensuite sur plusieurs semaines pour l’apparition d’éventuels symptômes.
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En raison de l'augmentation rapide du nombre de nouveaux cas de COVID-19, soit 1,7 million de cas confirmés dans 185 pays, la présence d'ARN du coronavirus SARS-CoV-2 dans le plasma devient une préoccupation majeure en Santé publique. La plupart des centres de transfusion sanguine et des banques de sang en Chine ont déjà pris des mesures pour garantir la sécurité transfusionnelle.
La présence d’ARN du SRAS-CoV-2 dans le plasma est confirmée lors du dépistage de routine de donneurs de sang
Les chercheurs de l’Hôpital de Pékin, de l’Académie chinoise des sciences médicales et du Wuhan Blood Center rapportent ici les premières données du dépistage de l'ARN viral de SARS-CoV-2, commencé en Chine le 25 janvier 2020 dans les dons de sang. L’équipe a examiné (par test de transcription inverse en temps réel - RT-PCR) la présence d’ARN du SARS-CoV-2 dans tous les dons collectés au Wuhan Blood Center, en temps réel et rétrospectivement. Elle identifie ici des échantillons de plasma positifs pour l'ARN viral du coronavirus, chez 4 donneurs asymptomatiques.
- Au 4 mars, les chercheurs avaient ainsi examiné 2.430 dons en temps réel, dont 1.656 de plaquettes et 774 dons de sang total. Les chercheurs ont identifié un premier don positif chez un donneur de plaquettes le 28 janvier, dont les dons antérieurs des 12 et 26 décembre et du 13 janvier étaient négatifs pour l'ARN viral. Un prélèvement de gorge prélevé sur ce même donneur le 10 février était également positif. Le donneur n'a signalé aucun symptôme et a été mis en quarantaine dans un hôpital de Wuhan jusqu'à 2 résultats d'écouvillon de gorge négatifs consécutifs les 23 et 25 février.
- Les tests rétrospectifs effectués sur 4.995 dons collectés entre le 21 décembre 2019 et le 22 janvier 2020, ont abouti à un premier résultat positif sur un don de sang total effectué le 19 janvier. Les chercheurs ont donc analysé les dons de la période et identifié un second don positif. Plusieurs tests suggèrent que l'ARN viral est relativement stable dans le plasma. Tous les produits sanguins issus du sang total du donneur 2 ont été retracés. Des suivis téléphoniques les 15 et 25 février montrent que le donneur 2 est resté asymptomatique.
- Chez les donneurs de sang en janvier et février, les chercheurs en identifient 33 qui ont développé une fièvre après le don- et dont les dons ont été retirés de la circulation. 2 donneurs positifs du sang 20 janvier ont signalé un début de fièvre le 21 janvier. Chez 2 de ces donneurs, les auteurs notent que la température est revenue à la normale 7 jours après la prise de médicaments antipyrétiques.
- Le 4 mars, les échantillons de 4 nouveaux donneurs de sang asymptomatiques à Wuhan ont été analysés positifs pour l'ARN du SRAS-CoV-2 mais négatifs pour la présence d’anticorps.
Ces tests confirment ainsi la présence d’ARN du SRAS-CoV-2 dans le plasma lors du dépistage de routine des donneurs de sang, considérés comme une population en bonne santé. Bien que les chercheurs soient dans l’incapacité de confirmer la transmission possible du virus via ces produits sanguins, ils écrivent que :
« le risque de transmission possible ne devrait pas être négligé ».
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Car l'ARN détectable ne signifie pas obligatoirement infectiosité : d'autres études doivent être menées pour explorer le risque de virémie.
Cependant, le dépistage des donneurs avec des tests à haute sensibilité est essentiel, tout comme leur suivi après le don.
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Enfin, les chercheurs notent qu’ils n’ont plus détecté de SRAS-CoV-2 dans les échantillons de plasma par la suite, ce qui suggère l’efficacité des mesures strictes de confinement prises par le gouvernement chinois.