COVID-19 et HTA : La pandémie fait monter la pression, pourquoi ?
Les niveaux de pression artérielle ont augmenté, en moyenne et en population générale, pendant la pandémie de COVID-19, souligne cette étude de cardiologues spécialistes de l’hypertension artérielle (HTA), du Center for Blood Pressure Disorders de la Cleveland Clinic (Ohio). Les conclusions publiées dans la revue Circulation de l’American Heart Association, suggèrent une aggravation des facteurs de risque de l’HTA depuis le début de la pandémie, dont le report de certains soins de suivi, une réduction de l’accès aux services de santé et l’adoption de modes de vie plus sédentaires. Â
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Alors qu’aux Etats-Unis, près de la moitié des adultes souffrent d'hypertension artérielle, l'une des principales causes de maladie cardiaque, et que près de 75 % des cas restent au-dessus des niveaux de pression artérielle recommandés en dépit des traitements prescrits, ces données alertent, pour la première fois, sur l’efficacité moindre, pour de nombreuses maladies chroniques, des soins de santé à distance. «Depuis le début de la pandémie, la plupart des patients prennent moins bien soin d'eux-mêmes. De nombreux facteurs de mode de vie (habitudes alimentaires, consommation d'alcool, diminution de l'activité physique, diminution de l’observance des traitements, augmentation du stress émotionnel, mauvaise qualité de sommeil) contribuent à expliquer l’augmentation globale de la pression artérielle, explique l’auteur principal, le Dr Luke J. Laffin, codirecteur du Center for Blood Pressure Disorders.
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Mais les changements de mode de soins et de suivi de santé sont très probablement également en cause. Avec des conséquences considérables en Santé publique.
« Même de petites augmentations de la pression artérielle augmentent le risque d'accident vasculaire cérébral
et d'autres maladies cardiovasculaires », souligne l’auteur.
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L’analyse des données de santé anonymisées d'un programme de bien-être ou de santé au travail, a permis d’évaluer chez près d'un demi-million d'adultes, les changements dans les niveaux de pression artérielle avant et pendant la pandémie COVID-19. Les participants ont été répartis en 4 groupes : tension normale, élevée, hypertension de stade 1 et hypertension de stade 2. L’analyse révèle que :
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- pendant la pandémie (d'avril à décembre 2020), les augmentations mensuelles moyennes de la pression artérielle étaient, par rapport à la même période période en 2019 :
- pour la pression artérielle systolique (le chiffre le plus élevé ou pression que le sang exerce contre les parois artérielles à chaque contraction cardiaque) : comprises entre 1,10 et 2,50 mm Hg ;
- pour la pression artérielle diastolique (le chiffre le moins élevé, ou la pression que le sang exerce contre les parois artérielles lorsque que le cœur est au repos, entre les contractions) : comprises entre 0,14 à 0,53 mm Hg,
- des augmentations plus élevées de la pression artérielle sont observées chez les femmes pour la pression artérielle systolique et diastolique, chez les participantes plus âgées pour la pression artérielle systolique et chez les jeunes participantes pour la pression artérielle diastolique ;
- pendant la pandémie d'avril à décembre 2020, par rapport à la période prépandémique, 26,8 % des participants ont rejoint un groupe de tension artérielle plus élevée, alors que seulement 22 % ont rejoint une catégorie de tension artérielle plus faible.
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Ainsi, cette large étude sensibilise à "la nécessité de rester, même en période d’urgence pandémique, attentif aux problèmes de santé chroniques tels que l'aggravation de la pression artérielle", concluent les chercheurs. Surveiller sa tension, pratiquer l'exercice régulièrement, manger sainement mais aussi pouvoir consulter régulièrement son médecin pour faire suivre ses facteurs de risque et poursuivre son traitement est tout aussi important que le respect des mesures barrières.
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En d’autres termes, les mesures de protection d’urgence ne devraient pas nuire à la poursuite d’un suivi complet et rigoureux des maladies chroniques.
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La tendance s'est-elle poursuivie en 2021 ? Auquel cas, cela pourrait indiquer une prochaine vague d'accidents vasculaires cérébraux et de crises cardiaques. C’est ce que suggèrent les chercheurs, pour les Etats-Unis : « Malheureusement, cette recherche confirme ce que l'on voit à travers le pays – la pandémie de COVID-19 a eu et continuera d'avoir des impacts à long terme sur la santé et tout particulièrement sur la prévalence croissante de l'hypertension incontrôlée ».
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