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COVID-19 : Hypertension, diabète, un risque plus élevé d'infection ?

Actualité publiée il y a 4 années 8 mois 1 semaine
The Lancet

Alors que l’on connait maintenant l’importance d’une meilleure prise en compte des comorbidités dans la gestion de COVID-19 et du score SOFA dans la prévision du pronostic, la question de l’impact de deux maladies chroniques fréquentes, l’hypertension artérielle et le diabète de type 2 se pose en toute évidence. Quel est en synthèse l’impact de ces 2 comorbidités sur le risque d'infection au nouveau coronavirus SARS-Cov-2 et sur le risque de développement de la pneumonie COVID-19 ? Ces pneumologues du Département de Biomédecine et de Médecine interne de L'hôpital universitaire de Bâle font le point, dans le Lancet, sur ces comorbidités « distinctives ».

 

Un point important sur les données cliniques existantes, en regard des prévalences élevées de ces deux maladies, l'HTA et le diabète en particulier chez les plus âgés généralement plus durement impactés par le virus, et alors que l’épidémie poursuit son expansion, avec en ce 17 mars, plus de 180.000 cas dans 155 pays -dont 81.000 en Chine où l’épidémie semble bien contrôlée- et plus de 7.000 décès.

Pourquoi précisément l’hypertension et le diabète de type 2 ?

 

Parce que ce sont les 2 comorbidités les plus distinctives, chez les cas documentés avec une forme sévère de COVID-19 :

 

  • Une première étude menée auprès de 52 patients traités en unité de soins intensifs (USI) pour COVID-19, montre que ces 2 comorbidités ont été largement retrouvées chez les 32 non-survivants de l’étude, soit,
    • pour la maladie cérébrovasculaire : chez 22% des patients décédés,
    • Pour le diabète : également chez 22% des patients décédés.
  • Les chercheurs font référence à une seconde analyse qui avait inclus 1.099 patients avec COVID-19 confirmé dont 173 présentaient une forme sévère. Chez ces 173 patients gravement malades,
    • 23,7% présentaient une hypertension (HTA) ;
    • 16,2% un diabète de type 2 ;
    • 5,8% des maladies coronariennes ;
    • 2,3% des maladies cérébrovasculaires.
  • Une 3è étude était parvenue à des résultats similaires : sur 140 patients admis à l'hôpital avec COVID-19,
    • 30% souffraient d'hypertension ;
    • 12 % de diabète.

 

Explications : Les coronavirus pathogènes humains (dont SARS-CoV et SARS-CoV-2) se lient à leurs cellules cibles via l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ECA2), qui est exprimée par les cellules épithéliales du poumon, de l'intestin, du rein, et des vaisseaux sanguins. Or l’expression de l’ECA2 est considérablement augmentée chez les patients atteints de diabète de type 1 ou de type 2, qui sont traités avec des inhibiteurs de l'ECA (Enzyme de conversion de l’angiotensine ) et des bloqueurs des récepteurs de l'angiotensine II de type I. L'hypertension est également traitée avec des inhibiteurs de l'ECA et des ARA (antagonistes des récepteurs de l'angiotensine), ce qui entraîne une régulation positive de l'ECA2,

L'ECA2 peut également être augmentée par les thiazolidinediones et l'ibuprofène. Ces données suggèrent que l'expression de l’ECA2 est augmentée dans le diabète et le traitement avec des inhibiteurs de l’ECA et des ARA.

L'expression accrue de l'ECA2 faciliterait l'infection par COVID-19.

Les chercheurs émettent l'hypothèse que le traitement du diabète et de l'hypertension avec des médicaments stimulant l'ECA2 augmente ainsi le risque de développer un COVID-19 sévère et fatal.

 

Un conflit de traitement ? Probablement car l'ECA2 réduit l'inflammation et a été suggérée comme une nouvelle thérapie possible pour les maladies pulmonaires inflammatoires, le cancer, le diabète et l'hypertension.

 

Une prédisposition génétique à un risque accru d'infection par le SRAS-CoV-2 ? Une telle prédisposition génétique serait possible en raison de polymorphismes de l’enzyme ECA2 déjà documentés comme liés au diabète sucré, à l'AVC cérébral et à l'hypertension, en particulier dans les populations asiatiques. En résumant ces informations, la sensibilité d'un individu pourrait résulter d'une combinaison de la thérapie et du polymorphisme de l’enzyme ECA2.

 

Les auteurs concluent ainsi que les patients atteints de maladies cardiaques, d'hypertension ou de diabète, traités par des médicaments augmentant l'ECA2, encourent un risque plus élevé d'infection sévère COVID-19.