COVID-19 : La première transmission aux US fait réfléchir sur la contagiosité du virus
Cette étude du Chicago Department of Public Health décrit la première transmission connue de personne à personne du nouveau coronavirus SRAS-CoV-2 aux États-Unis. Cette étude mérite d’être soulignée car, si elle se limite par définition à 2 cas et à leurs contacts possibles, elle aboutit à des conclusions très différentes des données de transmission actuellement considérées par les experts. En effet, dans ce cas précis, premier cas de transmission aux Etats-Unis, la transmission semble corrélée à une exposition prolongée et non protégée du second patient à un premier patient infecté et symptomatique.
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Le 23 janvier dernier, les Autorités sanitaires de l'Illinois signalaient le premier cas confirmé par laboratoire de COVID-19 chez une femme âgée d’une soixantaine d’années, qui revenait de Wuhan, site d’émergence du nouveau coronavirus SRAS-CoV-2. La patiente s'était rendue à Wuhan, le 25 décembre pour rendre visite à un parent hospitalisé et à d'autres membres de sa famille atteints d'une maladie respiratoire non diagnostiquée. Quelques jours plus tard et précisément le 30 janvier, les premiers signes de transmission secondaire sont signalés chez son mari, qui n'avait pas quitté les États-Unis mais avait eu des contacts fréquents et étroits avec sa femme depuis son retour. Celui-ci fut alors testé positif pour le SRAS-CoV-2. L’enquête épidémiologique intensive menée autour des 2 cas confirmés, la surveillance et les tests effectués chez 372 contacts de ces 2 patients ainsi que chez les professionnels de la santé asymptomatiques qui étaient entrés en contact avec les patients n’ont révélé aucune autre transmission.
L’étude décrit les caractéristiques cliniques et de laboratoire de ces 2 cas ainsi que l'évaluation et la surveillance des centaines de contacts exposés au SRAS-CoV-2 :
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Description des 2 cas, mari et femme :
- La patiente de retour retour aux États-Unis le 13 janvier 2020, a connu 6 jours de fièvre légère, de fatigue et de toux avant d'être hospitalisée pour une pneumonie et de subir des tests pour le SRAS-CoV-2, qui se sont donc révélés positifs ;
- le mari était atteint d'une maladie pré-existante pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et d'une toux chronique. Ces conditions ont rendu difficile l’identification du moment de l'apparition des symptômes liés à COVID-19 ;
- 8 jours après l’hospitalisation de sa femme, le mari a été hospitalisé pour une aggravation de son essoufflement et une toux sanglante et a également été testé positif pour le SRAS-CoV-2 ;
- les 2 patients ont finalement récupéré et ont été renvoyées à l'isolement à leur domicile ;
- cet isolement/confinement a été levé 33 jours après le retour de la femme de Wuhan, après 2 tests négatifs pour le SRAS-CoV-2 effectués à 24 heures d'intervalle.
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Enquête sur les contacts :
- 372 personnes ont été identifiées comme contacts possibles, dont 347 (152 contacts communautaires et 195 professionnels de la santé) ont été activement suivies après confirmation de l'exposition à l’un des 2 cas, soit de manière précoce, soit après l'apparition des premiers symptômes. Chez 25 personnes, les enquêteurs ne disposaient pas d'informations suffisantes de contact pour terminer leur évaluation. Un groupe témoin de 32 contacts asymptomatiques au sein des personnels de santé a également été testé.
- Les 347 contacts ont fait l'objet d'une surveillance active des symptômes durant 14 jours après leur dernière exposition ;
- 43 contacts $ont développé de la fièvre, de la toux ou un essoufflement, ont été isolés mais testés négatifs au SRAS-CoV-2 ; Les 32 professionnels de santé témoins ont également été testés négatifs.
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Quelle analyse ? Les auteurs suggèrent que ce rapport de cas suggèrent que la transmission de personne à personne du nouveau coronavirus SRAS-CoV-2 pourrait être le plus susceptible de se produire par une exposition prolongée non protégée à une personne présentant un COVID-19 symptomatique. Ils concluent : « La transmission de personne à personne du SRAS-CoV-2 s'est produite entre deux personnes avec une exposition prolongée et non protégée tandis que le patient 1 était symptomatique. Malgré la surveillance active des symptômes et le test des contacts symptomatiques et de certains contacts asymptomatiques,
aucune autre transmission n'a été détectée ».
L’auteur principal, le Dr Jennifer Layden, médecin-chef du Département of Public Health de Chicago commente : « Notre expérience limitée de la transmission du SRAS-CoV-2 diffère de celle de Wuhan, où la transmission a été signalée dans l'ensemble de la communauté et parmi les professionnels de la santé. Néanmoins, nous exhortons les établissements de santé à détecter et isoler rapidement les cas suspects ».
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Les chercheurs reconnaissent que ces données sont préliminaires et qu’il ne s’agit que d’une étude de cas qui ne décrit qu'un seul événement de transmission, par conséquent, les résultats peuvent ne pas être représentatifs de modèles de transmission plus larges.
On notera les données de transmission actuelles qui suggèrent un virus hautement contagieux alors que ce cas suggère en fait le contraire : une transmission limitée et subordonnée à une exposition étroite et prolongée. L’enquête a pu également passer à côté de contacts et certains cas de COVID-19 pourraient ne pas avoir été détectés.