COVID-19 : La promesse prophylactique et thérapeutique du remdesivir
De nombreuses équipes travaillent à la la recherche d’un traitement antiviral efficace contre l’infection au nouveau coronavirus 2019, COVID-19 (ex 2019-nCoV). Une étude récente de virologues de Wuhan avait déjà documenté, dans la revue Cell Research, les promesses d’un médicament candidat, le remdesivir, développé au départ contre le virus Ebola. Cette nouvelle recherche de scientifiques du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID/NIH), publiée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS), conclut dans le même sens. Dans cette étude chez le macaque, le remdesivir prévient l’infection à un autre coronavirus, le MERS-CoV, s’il est administré avant exposition et réduit les symptômes en cas d’administration rapidement après l’infection.
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C’est donc un début de confirmation de l’efficacité de cet antiviral, pour lutter contre l’épidémie de pneumonie qui à ce jour touche -selon le GISAID- près de 80.000 personnes et a entraîné plus de 1.500 décès. Car COVID-19 est reconnu comme étroitement apparenté au SRAS-CoV et au MERS-CoV et il semble probable qu’un traitement efficace contre ces 2 coronavirus le soit également contre le nouveau coronavirus.
Quelques patients infectés à COVID-19 ont déjà reçu le remdesivir dans le cadre d'un protocole de recherche
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Un antiviral tous azimuts ? Le remdesivir antiviral expérimental réussit ici à prévenir la maladie chez les macaques rhésus infectés par le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) après avoir fait ses preuves, lors de précédents tests contre différents virus lors d'expériences en laboratoire. Il a été également démontré que le médicament traite efficacement des singes infectés par les virus Ebola et Nipah. Le remdesivir a également été étudié comme traitement de la maladie à virus Ebola chez l'Homme.
Cette nouvelle phase de recherche, menée aux Laboratoires Rocky Mountain du NIAID à Hamilton, Montana a été menée chez 3 groupes d'animaux :
- traités au remdesivir 24 heures avant l'infection par MERS-CoV ;
- traités 12 heures après l'infection (proche du pic de réplication du MERS-CoV chez ces animaux) ;
- chez des animaux témoins non traités.
Les animaux ont été suivis durant 6 jours. Les chercheurs constatent que :
- tous les animaux témoins présentent des signes de maladie respiratoire ;
- les animaux traités avant l'infection ne présentent aucun signe de maladie respiratoire et aucune lésion pulmonaire ; ils présentent des niveaux de réplication du virus dans les poumons significativement inférieurs à ceux des animaux témoins ;
- les animaux traités après l'infection se sont beaucoup mieux comportés que les animaux témoins : la maladie est beaucoup moins grave, les charges virales sont très inférieures dans les poumons et les dommages sont moins sévères.
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Ces résultats jugés prometteurs soutiennent le lancement d’essais cliniques avec le remdesivir pour le traitement de l’infection à MERS-CoV et COVID-19. Plusieurs essais cliniques portant sur le remdesivir sont déjà en cours en Chine et quelques patients infectés à COVID-19 ont déjà reçu le candidat dans le cadre d'un protocole de recherche. A ce stade des recherches, les scientifiques ont bon espoir que le remdesivir puisse prévenir efficacement la maladie chez d'autres patients, en particulier chez les contacts des patients et les professionnels de santé.
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Ils notent également que le médicament -produit par Gilead Sciences- pourrait aider les patients diagnostiqués avec COVID-19 s'il est administré peu de temps après le début des symptômes.