COVID-19 : Le comprimé antiviral oral molnupiravir efficace dès le 3è jour
Plusieurs essais concernant l’efficacité de ce comprimé antiviral oral du laboratoire Merck, destiné à à éviter l’hospitalisation et les formes sévères chez les personnes infectées et à risque élevé confirment aujourd’hui son efficacité. Ces nouvelles données, présentées au Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ECCMID 2022, Lisbonne) confirment également l’efficacité du comprimé, chez les patients immunodéprimés comme chez les patients immunocompétents.
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De premières données d’essai de phase III mené par le Laboratoire Merck avait montré qu’administré dans les 5 jours suivant l’infection, le médicament permettait de réduire de 50 % le risque d’hospitalisation. Cependant, bien qu’autorisé par l'Agence européenne du médicament pour « traiter les adultes atteints de Covid-19 qui présentent un risque accru de développer un Covid-19 sévère », en décembre 2021, la Haute Autorité de Santé (HAS) n’avait pas autorisé l’accès précoce au médicament, en traitement curatif des formes légères et modérées de COVID-19. Le médicament a reçu une autorisation d'utilisation d'urgence (ATU) par l’Agence américaine FDA et est également autorisé au Royaume-Uni, en Australie, au Japon et dans 12 autres pays.
Plusieurs analyses présentées lors du Congrès ECCMID montrent que le molnupiravir élimine le virus SRAS-CoV-2 infectieux très rapidement,
quelle que soit l’immunocompétence des patients.
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La première analyse montre, via test PCR, que les participants prenant le molnupiravir éliminent le virus SARS-CoV-2 infectieux au 3è jour du traitement alors que les participants témoins ayant reçu un placebo mettent en moyenne 5 jours au moins, pour y parvenir. L'essai randomisé, contrôlé par placebo, en double aveugle de phase 2/3 (Essai MOVe-OUT déjà publié dans le NEJM) confirme ainsi la supériorité du molnupiravir vs placebo chez les adultes non hospitalisés atteints de COVID-19 léger/modéré à risque de progression vers une forme sévère, à condition de commencer le traitement dans les 5 jours suivant l'apparition des symptômes.
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- En synthèse, au jour 3 du traitement, le SRAS-CoV-2 infectieux n'a été détecté chez aucun des 92 participants du groupe d’intervention vs 21,8 % (20/96) des participants ayant reçu un placebo ;
- au jour 5, le virus n'a été détecté chez aucun des 92 participants du groupe d’intervention vs 2,2 % (n = 2/89) dans groupe témoin ;
- au jour 10, le virus n'a été détecté chez aucun des participants du groupe d’intervention et du groupe témoin.
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Cette nouvelle analyse des données finales de l’essai MOVe-OUT confirme les observations précédentes démontrant qu'un traitement de 5 jours de 800 mg de molnupiravir deux fois par jour entraîne une diminution plus rapide de l'ARN viral et une élimination plus rapide du virus infectieux.
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Une seconde analyse des données de l’essai MOVe-OUT, présentée également à l’ECCMID 2022 montre que le comprimé antiviral oral permet d’éliminer le virus actif du SRAS-CoV-2 aussi bien chez les patients immunodéprimés que chez les personnes immunocompétentes. Cette nouvelle analyse s’est concentrée en effet sur des patients considérés comme immunodéprimés, ce qui signifie que leur système immunitaire ne fonctionne pas normalement pour différentes raisons. Ces participants immunodéprimés ont été identifiés comme immunodéprimés sur la base de l'utilisation antérieure ou concomitante de médicaments et de leurs antécédents médicaux.
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- 57 (4%) des 1.433 participants de l’essai MOVe-OUT ont été identifiés comme immunodéprimés. L’analyse confirme que dans le groupe d’intervention molnupiravir, moins de participants immunodéprimés ont été hospitalisés ou sont décédés au 29è jour 29 (2/25 soit 8 %) vs groupe témoin (8/32 soit 25 %).
- aucun virus infectieux n’est identifié chez les participants immunodéprimés du groupe molnupiravir au jour 3 ou plus tard vs 14 % (4/29) dans le groupe placebo ;
- le profil de tolérance est similaire dans les groupes d’intervention et témoins et quel que soit le statut immunodéprimé.
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Ainsi, les participants immunodéprimés recevant du molnupiravir présentent un risque réduit d'hospitalisation ou de décès vs ceux recevant un placebo, au cours du mois suivant l’infection. Le molnupiravir était généralement bien toléré. Les réductions de charge virale au fil du temps s’avèrent similaires chez les participants immunodéprimés et non immunodéprimés.
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Prises ensemble, ces données suggèrent que le molnupiravir arrête la réplication virale aussi bien chez les immunodéprimés que chez les personnes ayant un système immunitaire en bonne santé.
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La limite de la deuxième analyse tient néanmoins au nombre modeste de participants immunodéprimés de l’étude.