COVID-19 : Le « SRAS » un précieux acquis de l’expérience
Cet article de perspective d’experts du Singapore General Hospital décrit ce qui a changé depuis l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère ou SARS-CoV ) en 2003 et les nouveaux défis auxquels sont confrontés les personnels de santé, les organisations et les systèmes de santé, avec l’épidémie de pneumonie COVID-19, associée au nouveau coronavirus SRAS-CoV-2. L’objectif est avant tout de tirer parti des leçons de l’expérience passée avec le SRAS, alors que les deux virus ont été documentés comme très proches. Ces médecins, en première ligne, écrivent dans l’American Journal of Roentgenology que l’expérience « SRAS » influence aujourd’hui, en tous cas à Singapour, la réponse à la nouvelle épidémie COVID-19.
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Bien qu’assez similaire au SRAS, l'épidémie COVID-19 présente plusieurs différences. Apparue aussi en Chine (dans la province du Guangdong en novembre 2002), l’épidémie de SRAS a touché plus de 8.000 personnes dans 26 pays. Le SRAS a touché à l’identique les personnels de santé qui représentaient alors environ 40% des cas confirmés. Les auteurs rapportent que durant l'épidémie de SRAS, l’organisation de l’hôpital a subi des changements importants dont : la séparation des flux de patients hospitalisés, en patients « externes », en cas fébriles et non fébriles…Les ressources ont été réaffectées pour faire face à l’augmentation de certains besoins, dont de diagnostic notamment d'imagerie. Les mesures renforcées de prévention et de contrôle des infections sont devenues omniprésentes. Tous les personnels ont été reformés au port des équipements de protection individuelle. Des désinfectants pour les mains et des lingettes désinfectantes ont été distribués ou mis à disposition dans tout l’établissement. « Avec les leçons apprises de 2003 et la présence de nombreux médecins séniors, nous sommes mieux préparés cette fois-ci ». Cependant, en dépit de similitudes génétiques, le SARS-CoV et le SRAS-CoV-2 posent des défis différents : les auteurs soulignent, en particulier, la transmission de l’infection par des individus asymptomatiques, une période d'incubation incertaine…
Une proximité entre les 2 virus, mais des défis différents
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Plusieurs équipes de recherche, dans plusieurs domaines travaillent à partir de cette proximité entre les deux virus, que ce soit pour le développement de médicaments ou de vaccins ou les risques associés à l’infection dans certaines situations comme la grossesse ou l’allaitement. Alors que l’épidémie poursuit sa propagation, avec plus de 100.000 cas confirmés et une diffusion aujourd’hui plus rapide dans les autres pays que la Chine (22.000 cas confirmés hors de Chine), les retours d’expérience d’épidémies passées sont précieux pour les personnels et les organisations de santé.
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La réponse en 2003 de l'hôpital général de Singapour à l'épidémie de SRAS inspire aujourd’hui plusieurs mesures opérationnelles et en particulier aux services d'imagerie qui travaillent à la détection de l’épidémie COVID-19. Même si l'imagerie n’est généralement pas considérée comme un service clinique de première ligne, relève l'auteur principal Lionel Tim-Ee Cheng : "L'imagerie portable a été largement utilisée, exposant directement le personnel de radiologie au pathogène. En outre, les services de radiologie sont des lieux où différents patients (patients hospitalisés, ambulatoires, fébriles, non fébriles), les accompagnants, les visiteurs et les personnels de santé d'autres services peuvent se mélanger".
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3 niveaux clés de prévention, les patients, les lieux et les équipements, les protocoles et les politiques :
- Quelques considérations pour « protéger » les patients :
- assurer un partage rapide d'informations précises et utiles ;
- s'assurer que les connaissances et les pratiques de prévention et de contrôle des infections sont bien connues et respectées ;
- créer des équipes pluridisciplinaires spécifiques, capables de gérer tous les aspects de prise en charge du patient face au virus ;
- gérer les émotions pendant l'adversité.
- Quelques considérations concernant la protection des lieux et des équipements :
- respecter les mesures de port des équipements de protection individuelle ;
- dédier des pièces de soin isolées et des matériels de diagnostic (scanners par exemple) aux cas à risque élevé ; créer des zones de soin décentralisées ;
- assurer la sécurité physique des soignants, en contrôlant les accès (Visuel ci-contre) ;
- développer des méthodes de diagnostic portables (en particulier imagerie).
- Sur les protocoles et les stratégies de réponse :
- prendre le temps de l’examen de ces procédures et de l’analyse des retours d’expériences ;
- confiner et isoler les cas à haut risque ;
- accélérer les process de radiologie interventionnelle ; fournir rapidement les résultats ;
- revoir de manière quotidienne les protocoles de routine, en fonction de l‘évolution de l’épidémie.
Toute violation des mesures de prévention a des conséquences considérables
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Les auteurs concluent, d’expérience : « S'il y a une transmission communautaire soutenue à partir de cas asymptomatiques, notre capacité à détecter les cas et à contenir la propagation sera limitée. Si COVID-19 se diffuse dans le monde avec principalement une maladie bénigne et une faible mortalité, il peut devenir un autre pathogène des voies respiratoires avec lequel nous devrons vivre, avec les précautions d’usage et dans l’attente d’un vaccin ».
Certaines des mesures de lutte contre la maladie instituées en réponse à l'épidémie de COVID-19 peuvent sembler excessives. Cependant, au début d'une épidémie, les décisions sont souvent prises sans disposer d’une information complète. De plus, certaines mesures de confinement ne sont efficaces qu'aux stades précoces et avant qu'une transmission plus importante.
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Toutes ces mesures doivent donc être adaptées au quotidien et en fonction de l'évolution de la situation.