COVID-19 : Le vaccin nasal qui fige les variantes virales
Ce n’est pas la première équipe à travailler sur la piste des vaccins (intra)nasaux pour contrer les infections respiratoires dont le COVID-19. Car, dans le cas du COVID, le point d’entrée du virus SARS-CoV-2, c’est le nez, la protéine surface cellulaire ACE2, récepteur clé de la glycoprotéine de pointe du virus (Spike « S ») étant 700 fois plus concentrée dans l’enveloppe des cellules olfactives de la partie supérieure du nez, que dans les cellules de revêtement du reste du nez ou de la trachée.
A partir de là , une protection antivirale précoce dans le nez, via un vaccin nasal, pourrait aider mieux contrer les infections liées aux nouvelles variantes virales. C’est à nouveau l’objectif de cette équipe de l’Université Yale, qui démontre, ici chez la souris, que la vaccination intranasale offre une protection étendue contre tout un spectre de virus respiratoires, contrairement à la vaccination dite systémique.
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Ainsi, le vaccin intranasal présente a priori 3 avantages, contrer le virus dès son point d’entrée, sur le site même où il trouve plus de récepteurs pour se fixer, et enfin celui d’induire, semble-t-il, une protection plus large contre un plus grand nombre de virus et de variants. Ce dernier point apparaît tout particulièrement précieux en ces temps d’émergence de variantes de COVID-19 telles que delta et omicron face auxquelles, l’efficacité des vaccins disponibles semble partiellement compromise.
Figer le virus à l'entrée, bloquer l’infection à la source
« Une nouvelle réponse au virus en mutation pourrait être trouvée à la porte de nos poumons », résume l’auteur principal, le Dr Akiko Iwasaki, professeur d'immunobiologie à Yale. « La meilleure défense immunitaire se forme « à la porte » en bloquant les virus qui tentent d'entrer ».
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Une défense immunitaire des muqueuses, efficace et ciblée : les muqueuses possèdent leur propre système de défense immunitaire qui combat les agents pathogènes aéroportés ou alimentaires. Lorsqu'ils sont mis à l’épreuve, ces tissus barrières produisent des cellules B qui à leur tour sécrètent des anticorps immunoglobines A (IgA). Contrairement aux vaccins systémiques (par injection) qui provoquent une réponse immunitaire à l'échelle du système tout entier, les anticorps IgA agissent localement sur les surfaces muqueuses présentes dans le nez, l'estomac et les poumons.
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Les immunoglobulines A suffisamment efficaces contre les virus respiratoires ? L’équipe s'est demandé si le déclenchement d'une réponse IgA pouvait produire une réponse immunitaire localisée et efficace contre les virus respiratoires. Les chercheurs ont donc testé un vaccin à base de protéines conçu pour déclencher une réponse immunitaire IgA, en l'administrant à des souris par injections, comme cela se fait couramment avec les immunisations systémiques, ainsi que par voie intranasale. Les souris ont ensuite été exposées à plusieurs souches de virus grippaux :
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- les souris vaccinées par voie intranasale s’avèrent bien mieux protégées contre les virus grippaux vs les souris vaccinées par injection ;
- le vaccin nasal, mais pas le vaccin par injection, induit une protection contre ces différentes souches de grippe, mais pas seulement, « contre des souches autres que celles contre lesquelles le vaccin était censé protéger » ;
- si le vaccin par injection et le vaccin nasal ont augmenté les niveaux d'anticorps dans le sang des souris, seul le vaccin nasal permet la sécrétion d'IgA dans les poumons, où les virus respiratoires doivent se loger pour infecter l'hôte ;
- le vaccin nasal est en cours de test contre des souches de COVID toujours chez la souris ;
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Si les vaccins nasaux sont confirmés comme sûrs et efficaces chez l'homme, l’idée serait de les utiliser en complément des vaccins et des rappels systémiques actuels, dans le but d’accroître la réponse immunitaire au point d'ancrage même de l'infection.
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