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COVID-19 : Le virus infecte la bouche aussi

Actualité publiée il y a 3 années 7 mois 3 semaines
Nature Medicine
Premières preuves d’infection par le SARS-CoV-2 des cellules de la bouche (Visuel Adobe Stock 269330104)

Ces scientifiques du National Institute of Dental and Craniofacial Research (NIH) et de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill viennent d’identifier les premières preuves d’infection par le SARS-CoV-2 des cellules de la bouche. Des données présentées dans la revue Nature Medicine qui suggèrent, ou confirme, le rôle de clé la salive dans la transmission du COVID-19.

 

Tout commence dans le nez, avait expliqué une équipe de Cincinnati qui confirmait la charge virale élevée dans les sécrétions nasales chez les patients COVID. Leur étude montrait que le virus avait tendance à s'établir fermement d'abord dans la cavité nasale et était ensuite « aspiré » dans les poumons, où il déclenchait une maladie plus grave avec dans certains cas une détresse respiratoire. Cette équipe internationale apporte la preuve que le SRAS-CoV-2 infecte aussi les cellules de la bouche, ajoutant ainsi la cavité buccale aux autres sites, organes et systèmes envahis par le virus, dont le système digestif, les vaisseaux sanguins et les reins.

L’ARN du SRAS-CoV-2 (en rose) et du récepteur ACE2 (en blanc) est identifié dans les cellules des glandes salivaires humaines (en vert) (Visuel Paola Perez, PhD, Warner Lab, NIDCR)

L’infection de la bouche, une explication du symptôme de dysgueusie ?

Cette infection des cellules et tissus buccaux pourrait contribuer à expliquer différents symptômes du COVID déjà rapportés dont la perte du goût (dysgueusie), la bouche sèche, des abcès et une gingivite.

 

Ensuite, ces données suggèrent -ou confirment- le rôle de la bouche et de la salive dans la transmission du SRAS-CoV-2 -non seulement aux contacts via les gouttelettes et aérosols- mais aussi aux autres organes de l’hôte, comme les poumons ou le système digestif : la salive chargée de virus provenant de cellules orales infectées pourrait ainsi être un facteur majeur d’infection systémique.

 

Mais d'où vient le SRAS-CoV-2 présent dans la salive ? Les chercheurs savent déjà que la salive des personnes atteintes de COVID-19 peut contenir des niveaux élevés de SRAS-CoV-2, et des études suggèrent que les tests de salive sont presque aussi fiables que le prélèvement nasal pour diagnostiquer le COVID-19. Ce que l’on ignore c’est la provenant de cette charge virale de la salive. Chez les personnes atteintes de COVID-19 avec symptômes respiratoires, le virus présent dans la salive pourrait être le résultat d’un écoulement nasal ou d’expectorations des poumons. Mais il a été montré que le virus est présent aussi dans la salive de personnes exemptes de symptômes respiratoires.

 

  • Au moins une partie de la charge virale salivaire provient de tissus buccaux infectés : l’étude de prélèvement de tissus buccaux de personnes en bonne santé et de personnes diagnostiquées avec COVID-19 permet d’identifier les régions buccales sensibles à l'infection par le SRAS-CoV-2.

 

  • Les cellules vulnérables contiennent des instructions d'ARN pour fabriquer des «protéines d'entrée» dont le virus a besoin pour pénétrer dans les cellules (ACE2 et TMPRSS2). Ces protéines sont retrouvées dans certaines cellules des glandes salivaires et des tissus tapissant la cavité buccale. Dans une petite partie des cellules gingivales (gomme), les chercheurs identifient l’expression de l'ARN pour ACE2 et TMPRSS2. Ces premières analyses confirment que certaines parties de la bouche sont vulnérables à l’infection à SRAS-CoV-2.

 

  • L’analyse d’échantillons de patients décédés du COVID-19, montre la présence de l'ARN du SRAS-CoV-2 dans un peu plus de la moitié des glandes salivaires et des tissus buccaux ;

 

  • chez les patients atteints d'un COVID-19 léger ou asymptomatique, les cellules rejetées de la bouche dans la salive contiennent également de l'ARN du SRAS-CoV-2, ainsi que de l'ARN pour les protéines d'entrée.

 

  • l’exposition de la salive de 8 patients COVID-19 asymptomatiques à des cultures de cellules saines conduit, dans 2 des cas, à une infection des cellules saines, ce qui confirme la possibilité que même des personnes asymptomatiques puissent transmettre le virus par la salive ;

 

  • enfin, 27 patients sur 35 présentant une charge virale salivaire signalent une perte de goût et d'odeur, ce qui suggère qu'une infection buccale peut sous-tendre les symptômes oraux du COVID-19.

 

Prises ensemble, ces données suggèrent que la bouche, via les cellules orales infectées, joue un rôle plus important dans l'infection par le SRAS-CoV-2 qu'on ne le pensait jusque-là. 

« Lorsque de la salive infectée est avalée, cela peut diffuser le virus dans la gorge, les poumons ou même les intestins».

D’autres interventions qui préviennent ce mode de diffusion interne du virus sont donc probablement à réfléchir.