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COVID-19 : L’espoir des traitements anti-androgènes

Actualité publiée il y a 3 années 8 mois 31 min
iScience
Les médicaments anti-androgènes ont la capacité de désarmer la protéine de pointe du virus SARS-CoV-2 responsable de COVID-19 (Visuel NIH/UW Institute for Protein Design)

Les médicaments anti-androgènes ont la capacité de désarmer la protéine de pointe du virus SARS-CoV-2 responsable de COVID-19, conclut cette équipe de virologues et de pharmacologues de la Penn Medicine. L’étude préclinique, publiée dans la revue iScience, qui décrypte comment les anti-androgènes perturbent les récepteurs clés nécessaires à l'invasion virale, ouvre une nouvelle voie thérapeutique pour arrêter la progression des formes sévères de la maladie.

 

Les chercheurs de Philadelphie, en collaboration avec des collègues de l’Abramson Cancer Center de l'Université de Pennsylvanie montrent comment les récepteurs ACE2 et TMPRSS2, tous deux utilisés par SARS-CoV-2 pour entrer dans les cellules hôtes sont régulés par l'hormone androgène. Le blocage des récepteurs avec l'inhibiteur anti-androgène Camostat et d'autres thérapies anti-androgènes permet de bloquer l'entrée cellulaire et la réplication du SARS-CoV-2.

Déjà des essais cliniques aux résultats prometteurs

« Notre étude apporte la première preuve que non seulement TMPRSS2, un récepteur déjà documenté comme régulé par les androgènes, mais aussi ACE2, peuvent être directement régulés par l’hormone », explique l'auteur principal Irfan A. Asangani, professeur de biologie du cancer à l’Ecole Perelman de la Penn : « le pic de SRAS-CoV-2 se lie à ces 2 récepteurs pour pénétrer dans les cellules mais ces 2 récepteurs peuvent être bloqués par des médicaments existants ».

 

Plusieurs candidats anti-androgènes : ces travaux sont cohérents avec les études montrant une mortalité et une sévérité accrues de COVID-19 chez les hommes qui ont des niveaux d'androgènes plus élevés. Ils soutiennent l'utilisation de thérapies anti-androgènes pour traiter les infections à COVID-19, comme le camostat, un médicament approuvé au Japon pour traiter la pancréatite qui inhibe TMPRSS2. D'autres thérapies anti-androgènes, y compris la thérapie de privation androgénique utilisée pour traiter le cancer de la prostate, remplissent des fonctions similaires. Ici, les expériences sont menées avec un pseudotype SARS-CoV-2, qui porte les protéines de pointe du virus mais pas son génome.

  • Chez les souris présentant des taux d'androgènes considérablement réduits et sur des lignées cellulaires traitées avec des traitements anti-androgènes, les chercheurs constatent la très faible expression de TMPRSS2 et ACE2, ce qui suggère que les deux récepteurs sont bien régulés par l'hormone ;
  • l'inhibition de TMPRSS2 avec Camostat bloque la liaison de la protéine de pointe enpêchant l'entrée dans les cellules ;
  • Le camostat et l'enzalutamide, une thérapie anti-androgénique utilisée pour traiter le cancer de la prostate, bloquent l'entrée du virus dans des cellules pulmonaires et prostatiques ;
  • la combinaison de ces thérapies réduit considérablement l'entrée du virus dans les cellules.

 

Pris ensemble, ces résultats appellent à des essais cliniques des inhibiteurs de TMPRSS2, de la thérapie de privation androgénique, des antagonistes des récepteurs androgéniques seuls ou en combinaison avec des médicaments antiviraux le plus rapidement possible.

 

Les auteurs rapportent qu’un tel essai a déjà été mené au Brésil : le proxalutamide, une nouvelle thérapie anti-androgénique a réduit le risque de mortalité de 92% et a raccourci le séjour médian à l'hôpital de 9 jours, selon les résultats préliminaires portant sur 700 patients.