COVID-19 : L’option du plasma thérapeutique mérite d’être testée
L’épidémie de pneumonie COVID-19 associée au nouveau coronavirus (SRAS-CoV-2) est devenue une préoccupation majeure de Santé publique. Au 1er mars 2020, le nombre de cas confirmés dépasse les 87.000 avec une propagation qui semble mieux maîtrisée en Chine ces derniers jours (avec 80.000 cas) mais une diffusion plus rapide dans certains autres pays, dont l’Iran et l’Italie. Mais plus que le nombre de cas, c’est la « nouveauté » du virus qui inquiète la communauté médicale, avec notamment l’absence de vaccin et de traitement spécifiques contre ce nouveau virus. Dans l’attente de nouvelles molécules, cette équipe de chercheurs chinois du Chongqing Key Laboratory of Pediatrics s’interroge sur une autre voie thérapeutique, celle du plasma de convalescent.
Â
Les médecins ont donc actuellement principalement recours aux soins de soutien, de nombreux médicaments -dont l’efficacité avait été documentée contre les précédents coronavirus- sont également envisagés en traitements de première ligne. Quelques candidats, comme le remdesivir sont en cours de test et des vaccins devraient également être testés ces prochaines semaines. Aux États-Unis, le premier patient infecté a été traité par des soins de soutien et par remdesivir par voie intraveineuse. Une autre option thérapeutique est à l’étude, le plasma de convalescent ou les immunoglobulines, ces anticorps présents dans le sang de patients rétablis.
La transfusion de plasma de convalescent a fait ses preuves dans le passé mais mérite d’être validée, précisée et encadrée. Â
Â
Des équipes chinoises du China National Biotec Group sont déjà en cours de développement de plasma de convalescent pour traiter les patients atteints du COVID-19. Le principe est de collecter le plasma de certains patients rétablis pour préparer des produits thérapeutiques dérivés de leur sang, dont le plasma de convalescence et les immunoglobulines. Les premiers tests menés sur 3 puis une dizaine de patients dans un état critique hospitalisés à Wuhan ont abouti, selon les médias chinois, à une amélioration des symptômes, une baisse significative des marqueurs inflammatoires et d’autres marqueurs clés.
Â
L’utilisation de sang total ou de plasma de convalescent n’est pas une thérapie nouvelle :
- le plasma de patients rétablis a été utilisés en dernière intention lors de l’épidémie de SRAS. Ici, les auteurs citent des preuves de son efficacité avec une durée d'hospitalisation raccourcie et des taux de mortalité réduits chez les patients traités.
- En 2014, l'utilisation de plasma prélevé sur des patients remis d'une maladie à virus Ebola a été recommandée par l'OMS comme traitement empirique lors d'épidémies d’Ebola.
- Dans le cas de la pandémie A/H1N1 de 2009, des études ont également montré une réduction significative de la charge virale et du taux de mortalité chez les patients traités par plasma de convalescent.
- Une autre méta-analyse enfin a montré également une baisse de la mortalité chez des patients atteints d'infections respiratoires aiguës sévères, avec différentes doses de plasma de convalescent et cela, sans événements indésirables ni complications après le traitement.
Â
Â
L'efficacité de la thérapie par plasma s’explique par la capacité des anticorps du plasma de convalescent à supprimer la virémie. Cependant, il reste de nombreuses inconnues dans la délivrance éclairée du traitement. La fenêtre d’administration qui doit prendre en compte l’évolution de la charge virale chez l’hôte. Les interactions possibles avec d’autres traitements en cours.
Â
La transfusion de plasma de convalescent doit être testée : si la gestion actuelle de COVID-19 est aujourd’hui, faute de traitement ou de vaccin spécifiques, concentrée sur la prévention des infections, la détection et le suivi des cas et la délivrance de soins de soutien, aucun traitement -dont par plasma de convalescent- n'est recommandé en l'absence de preuves. Les auteurs rappellent ainsi que les corticoïdes ne doivent pas être administrés systématiquement pour le traitement de COVID-19.
Â
Les auteurs concluent, en l’état des preuves actuelles, à l’utilité de tester l'innocuité et l'efficacité de la transfusion de plasma de convalescent chez les patients infectés par le SRAS-CoV-2.