COVID-19 : Même charge virale chez les asymptomatiques
C’est une nouvelle étude de l’Imperial College London qui confirme ce taux très élevé de cas asymptomatiques dans l’épidémie actuelle de COVID-19. Menée à l’échelle de toute la ville de Vò (Italie), en quarantaine, et dont la plupart de la population a été testée, l’étude confirme non seulement que plus de 40% des infections à COVID-19 ne présentent aucun symptôme mais aussi que la charge virale est globalement comparable entre les porteurs symptomatiques et asymptomatiques. Des données présentées dans la revue Nature qui suggèrent que même les infections asymptomatiques ont le potentiel de contribuer à la transmission. Â
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Les chercheurs concluent ainsi que les personnes asymptomatiques ou pré-symptomatiques sont également des agents importants de transmission de COVID-19. Ils soutiennent également que des tests généralisés, l'isolement des personnes infectées et le confinement sont les « bonnes » mesures, qui ont permis de mettre fin à l'épidémie.
"Dépister tous les citoyens, qu'ils présentent ou non des symptômes"
La ville de Vò qui rassemble une population de près de 3.200 personnes, a connu le premier décès de COVID-19 recensé en Italie, le 21 février 2020. La ville a été mise en quarantaine immédiatement durant 14 jours et l’ensemble de la population a été testée pour l'infection à SARS-CoV-2, par 2 fois, 86% dès le confinement, et 72% 2 semaines plus tard (soit à la sortie du confinement). A ce titre, Vò constitue un terrain d’étude absolument unique. Les tests ont révélé,
- qu'au début du confinement, 2,6% de la population étaient positifs pour le SRAS-CoV-2,
- après 2 semaines, seulement 1,2% étaient positifs ;
- à ces 2 points de l’étude, environ 40% des cas positifs ne présentaient aucun symptôme ;
- l’élimination de la charge virale est ici estimée à une moyenne de moyenne 9,3 jours.
- aucun enfant de moins de 10 ans n'a été testé positif pour COVID-19,
- en dépit du fait que de nombreux enfants vivaient dans des foyers avec des membres de la famille infectés. Un résultat qui contraste avec le taux d’infection des adultes vivant avec d’autres adultes infectés.
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De l’efficacité de la quarantaine : tous les cas positifs, symptomatiques ou non, ont été mis en quarantaine, ce qui a permis de ralentir considérablement la propagation de la maladie et de supprimer toute circulation du virus en seulement quelques semaines-écrivent les chercheurs dans leur communiqué.
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De l’efficacité de tester : « le dépistage de tous les citoyens, qu'ils présentent ou non des symptômes, s’est montré très efficace pour gérer la propagation de la maladie en dépit de sa transmission «silencieuse» et généralisée », explique l’auteur principal, le Pr Andrea Crisanti, du Département de médecine moléculaire de l'Université de Padoue et du Département des sciences de la vie de l'Impérial College. En effet, à Vò, tous les contacts des cas positifs se sont vu proposer des tests. Cette double approche de dépistage et de traçage a eu un impact énorme sur le cours de l'épidémie et sert aujourd’hui de modèle en Italie.
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Une charge virale « similaire » chez les asymptomatiques : c’est probablement le constat le plus frappant de cette étude. Et la charge virale semble également diminuer chez les personnes qui n'ont pas de symptômes au départ puis qui en développent, ce qui suggère que la transmission asymptomatique et présymptomatique contribue de manière significative à la propagation de la maladie. Les tests généralisés qui peuvent donc participer à l'identification précoce des grappes d'infection et à l'isolement rapide des cas symptomatiques sont donc particulièrement pertinents, notamment dans l’hypothèse de nouveaux clusters et d'une deuxième vague de transmission.
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De nombreuses questions subsistent, sur le rôle des enfants et la contribution des porteurs asymptomatiques à la transmission notamment. Cependant, ces nouvelles données concernant les porteurs asymptomatiques sont essentielles :
« Le fait que la charge virale soit comparable entre les porteurs symptomatiques et asymptomatiques signifie que même les infections asymptomatiques ont le potentiel de contribuer à la transmission », concluent les auteurs.