COVID-19 : Passeport vaccinal, la clé du retour à la vie normale ?
Actuellement évoqué par la Commission européenne, juridiquement contesté, le passeport vaccinal numérique attestant d'une vaccination contre le COVID-19 pourrait, quelle que soit la décision de l’UE, être prochainement requis dans de nombreuses régions du globe. Ces chercheurs canadiens réfléchissent, dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) à ce principe et à sa mise en œuvre, avec les obstacles et ses limites possibles.
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Pour ces chercheurs, médecins et experts en droit, politique et éthique de la santé, rattachés à l’Université d'Ottawa, dont les auteurs principaux, le Dr Kumanan Wilson et Colleen M. Flood : « Le Canada devra assurer l'harmonisation de ce dispositif avec les normes mondiales de sécurité, d'authentification, de confidentialité et d'échange de données élaborées sur l'initiative de l'OMS ». Une nécessité d’harmonisation mondiale qui pose également un grand problème de sécurité et confidentialité des données.
"Les gouvernements doivent se mobiliser"
L'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Association internationale du trafic aérien et le Forum économique mondial ont déjà avancé dans l’étude des normes pour ces passeports numériques, suggérant que ces passeports vaccinaux pourraient être utilisés en premier lieu pour les voyages internationaux, mais pourraient également être exigés pour la participation à de grands rassemblements et à l’accès de certains lieux de travail et de loisirs. Cela pose la question d’une vie à 2 vitesses, pour les personnes vaccinées et non-vaccinées, soit par choix personnel, soit faute d’accès au vaccin.
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Indispensable pour limiter la propagation : d’un autre côté, soulignent les auteurs, une approche bien conçue de ce passeport vaccinal permettrait de limiter considérablement la propagation du SRAS-CoV-2 tout en permettant à la société et à l'économie mondiale de reprendre un fonctionnement plus normal. Ces experts imaginent un carnet de vaccination précis et complet qui permette à chaque usager d'accéder à ses vaccinations et à ses tests, mais aussi aux données de ses enfants.
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Des éléments clés suggérés pour la mise en œuvre du passeport vaccinal : les experts évoquent,
- la capacité technologique,
- le respect des normes internationales,
- la capacité des agences locales à stocker et transmettre de manière sécure et confidentielle les données numériques qui respectent les normes nationales, et internationales,
- la contribution d'experts juridiques et éthiques dans l’élaboration de normes permettant de garantir l’absence de discrimination envers les personnes non-vaccinées, soit par choix, soit par manque d’accès à la vaccination,
- des protections strictes garantissant la confidentialité des données personnelles…
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On comprend à quel point cette mise en œuvre sera délicate et l’importance des ressources qui seront nécessaires : « Si les gouvernements ne mobilisent pas les capacités nécessaires pour mettre en œuvre ce passeport vaccinal, des entreprises privées s’en chargeront -des compagnies aériennes par exemple-, ces sociétés développeront leurs propres contraintes et leurs propres systèmes, ce qui entraînera immanquablement des problèmes d'équité, de confidentialité, d’harmonisation et probablement de coercition » concluent les auteurs.