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COVID-19 : Seule une gestion plus agressive des virus respiratoires pourra protéger l’Hôpital

Actualité publiée il y a 4 années 8 mois 1 semaine
Annals of Internal Medicine
Un rappel des mesures de protection à mettre en œuvre contre les épidémies nosocomiales respiratoires.

Ces experts de la Harvard Medical School et du Brigham and Women's Hospital (Boston) reprécisent les mesures qui permettront aux hôpitaux et aux systèmes de santé de se protéger, d’une manière plus générale, contre les virus respiratoires. En substance, sans pouvoir présumer du taux final de morbidité lié au nouveau virus SRAS-CoV-2, les chercheurs critiquent une « gestion trop passive » de plupart des hôpitaux (aux Etats-Unis) et rappellent, dans les Annals of Internal Medicine, les mesures de protection à mettre en œuvre contre les épidémies nosocomiales respiratoires.

Pour ces experts, il est de plus en plus évident que le nouveau coronavirus est hautement contagieux. Si la maladie est dans la plupart des cas bénigne, elle est prolongée et les personnes infectées sont contagieuses même lorsqu'elles sont peu symptomatiques ou asymptomatiques, la période d'incubation peut s'étendre au-delà de 14 jours et certains patients semblent sensibles à la réinfection. Ces facteurs rendent inévitable l’introduction du virus dans les hôpitaux, ce qui va conduire à des clusters d'infections nosocomiales. Les signes et symptômes de l’épidémie COVID-19 très proches voire similaires de ceux d'autres infections virales respiratoires vont également jouer contre la détection des cas et en faveur de la transmission.

Des données incertaines : il est difficile de caractériser le taux de morbidité de COVID-19 : les auteurs rappellent, sans certitude, l’estimation actuelle du taux de mortalité à 2,3%, un taux qui pourrait être surestimé en raison des échantillons de patients atteints de maladies graves des premières analyses de Hubei et par la non prise en compte d’un grand nombre de cas dont non symptomatiques. « La détection des cas est encore principalement axée sur l'identification des patients souffrant de fièvre, de toux ou d'essoufflement, ce qui conduit à une sous-estimation du nombre de personnes infectées, une surestimation du taux de mortalité et une propagation continue de la maladie ».

Pour les hôpitaux, cela suppose, insistent les auteurs, de gérer plus activement les virus respiratoires.

 

Les pratiques habituelles à l’hôpital qui devraient être revues comprennent :

  • une détection sur les signes principalement des visiteurs atteints d'infections des voies respiratoires supérieures ;
  • un isolement des patients dans des chambres privées uniquement s'ils sont positifs pour le virus respiratoire (comme la grippe par exemple) ;
  • l’arrêt des précautions chez les patients diagnostiqués avec syndromes respiratoires aigus dès lors qu’ils sont négatifs pour le virus (même si les tests viraux ont une sensibilité variable et imparfaite) ;
  • le seul port du masque -en général- chez les personnels en contact alors que ces virus respiratoires peuvent être transmis par les objets ou surfaces contaminées, le contact avec les yeux ;
  • la non-exclusion de personnels de santé présentant des symptômes respiratoires tant qu'ils ne sont pas fébriles.

Pour déclencher une épidémie nosocomiale, il suffit d’1 patient avec COVID-19 hospitalisé non diagnostiqué. Ou d’1 visiteur avec COVID-19 et des symptômes respiratoires légers autorisé à accéder à l'hôpital. Ou d’un professionnel de santé infecté qui décide de poursuivre son service malgré un mal de gorge et un nez qui coule.

 

2 axes majeurs d’amélioration, quel que soit le virus respiratoire :

  • Un dépistage élargi des cas d’infection : si le dépistage actuel est toujours axé sur l'identification des patients ayant voyagé à l'étranger ou ayant été en contact avec des cas connus, les auteurs suggèrent de tester, à ce stade de diffusion de l’épidémie, des patients atteints de syndromes plus légers, quels que soient leurs antécédents de voyage ou de contact. Cela suppose de résoudre le problème de la pénurie de tests.
  • Renforcer les approches classiques de barrière contre les virus respiratoires de routine : ces virus respiratoires infectent des millions de personnes chaque année (environ 10% de la population) et provoquent des dizaines de milliers de décès aux seuls États-Unis. Tous ces virus peuvent provoquer une pneumonie sévère, prédisposer les patients à une surinfection bactérienne et aggraver les maladies cardiaques et pulmonaires, jusqu’au décès.

 

 

Une approche sans réserve contre le SRAS-CoV-2 est aujourd’hui nécessaire : « Nous devons être plus agressifs au sujet de l'hygiène respiratoire et imposer des restrictions aux patients, aux visiteurs et aux personnels de santé présentant même des symptômes bénins d'infection des voies respiratoires supérieures ».

  • dépister tous les visiteurs pour tout symptôme respiratoire pouvant être lié à un virus, y compris la fièvre, les myalgies, la pharyngite, la rhinorrhée et la toux, et les exclure des visites jusqu'à disparition de ces symptômes ;
  • interdire aux personnels de santé de travailler s'ils présentent des symptômes des voies respiratoires supérieures, même en l'absence de fièvre ;
  • dépister tous les patients pour tous les virus respiratoires (dont le SRAS-CoV-2) quelle que soit la sévérité de la maladie ;
  • prendre toutes précautions (chambres individuelles, absence de contacts, précautions contre les gouttelettes et protection oculaire) avec les patients avec des syndromes respiratoires sur toute la durée de leurs symptômes et indépendamment des résultats des tests viraux.

 

Les auteurs anticipent les difficultés sociales inhérentes à ces mesures : « Aucune de ces mesures ne sera facile. Restreindre les visiteurs sera psychologiquement difficile pour les patients et leurs proches », mais concluent : « c'est la meilleure chose que nous puissions faire pour nos patients et nos collègues ».