COVID-19 : Tout dépendra de la durée de l’immunité
Le SRAS-CoV-2 va-t-il poursuivre sa circulation dans la population humaine après cette première vague pandémique ? Il est urgent de comprendre comment pourrait évoluer la transmission du nouveau coronavirus pour la freiner et la contrôler. Cette étude de modélisation de chercheurs de la Harvard T.H. Chan School of Public Health suggère que, jusqu'en 2025, l’incidence du nouveau coronavirus dépendra d’un facteur clé : la durée de l'immunité humaine. Ces nouvelles données, présentées dans la revue Science, appellent de toute urgence à mener des études sérologiques longitudinales pour évaluer l'immunité en population générale et suivre son évolution.
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Les chercheurs de Boston sont partis de données de saisonnalité et d’immunité de bêtacoronavirus (OC43 et HKU1) proches du SARS-CoV pour développer leur modèle de transmission du SRAS-CoV-2. Leur modèle suggère la possibilité de flambées hivernales récurrentes de SRAS-CoV-2 à la suite de la première vague pandémique actuelle. Les chercheurs rappellent l’importance critique des mesures de distanciation sociale notamment pour épargner les capacités des systèmes de soins. La récurrence de vagues saisonnières pourrait ainsi impliquer la reprise de telles mesures de manière « prolongée ou intermittente » jusqu'en 2022. Dans le même temps, soulignent les chercheurs, il s’agirait de travailler à l’augmentation de nos ressources de soins intensifs et à la recherche de traitements efficaces. Ces nouvelles ressources pourraient effet permettre d’accélérer l'acquisition d’une immunité collective.
L'objectif reste l'acquisition d’une immunité collective.
De ces modélisations, on retient les conclusions suivantes :
- Les mesures de distanciation sociale dont le confinement peuvent contribuer à éviter les dépassements critiques de capacité hospitalière et de réanimation ;
- l’épidémie réapparaîtra une fois ces mesures levées, de sorte que ces mesures devront peut-être être à nouveau mises en œuvre par intermittence jusqu'en 2022 ;
- il est peu probable que le SARS-CoV-2 suive la même évolution que le SARS-CoV-1 (SRAS), et soit totalement éradiqué par des mesures intensives de santé publique après cette première pandémie. Au contraire, sa transmission pourrait ressembler à celle de la grippe, avec une circulation saisonnière ;
- dans tous les scénarii modélisés dont en cas de mise en œuvre intermittente des mesures de distanciation, les infections réapparaissent lorsque ces mesures sont levées. Une épidémie hivernale intense de COVID-19 pourrait ainsi se produire, s’ajoutant à la grippe et entraînant un dépassement de la capacité des hôpitaux ;
- un des scénarii suggère qu'une résurgence de SRAS-CoV-2 serait possible jusqu'en 2025 ;
- de nouvelles thérapies pourraient atténuer le besoin de mesures de distanciation sociale mais en l'absence de celles-ci, la surveillance et la mise en œuvre intermittente de ces mesures devrait être maintenues jusqu'en 2022 ;
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Le facteur clé, l’évolution de notre immunité : sur la base de ces simulations, les chercheurs concluent que le facteur clé modulant l'incidence du virus dans les années à venir est le taux de diminution de l'immunité virale.
Or ce taux de régression de l'immunité contre le virus reste à déterminer.
Il est donc urgent de mener des études sérologiques longitudinales pour déterminer l'étendue et la durée de l'immunité humaine contre le SRAS-CoV-2.
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Et même en cas d’arrêt apparent de circulation du virus, une surveillance devrait être maintenue sur plusieurs années : « Une résurgence de la contagion pourrait être possible jusqu'en 2024 », concluent les auteurs.