COVID-19 : Traiter le cerveau pour mieux récupérer la fonction respiratoire
Les principales atteintes associées à COVID-19 étant principalement pulmonaires, cardiovasculaires, voire systémiques, peu de recherches se sont concentrées sur les effets cérébraux de la maladie. Cette étude tout à fait originale d’une équipe de la Case Western Reserve University School of Medicine (Cleveland) suggère, dans le Journal of Physiology, que le cerveau pourrait être une nouvelle cible thérapeutique intéressante pour améliorer la respiration après une lésion pulmonaire aiguë.
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Parmi les symptômes de COVID-19, il existe en effet des symptômes neurologiques plutôt fréquents, recensés chez 36 % des patients COVID-19 et chez plus de 45 % des patients atteints d’une forme sévère de la maladie. Ces manifestations comprennent pour les plus importantes, des événements cérébrovasculaires aigus, des troubles de la conscience, et des lésions du muscle squelettique.Cette étude montre également toute l'importance du cerveau pour le contrôle et la récupération de la fonction respiratoire.
Les poumons ne sont pas les seuls organes impliqués dans les troubles respiratoires
Les chercheurs de Cleveland nous expliquent que les lésions pulmonaires ne se limitent pas aux poumons. Cibler la partie du cerveau qui contrôle la respiration et le flux sanguin pourrait aider les patients souffrant de troubles respiratoires et accélérer le processus de sevrage des patients placés sous ventilation mécanique.
Comme dans le cas d’autres infections pulmonaires, au cours de la maladie COVID-19, l'activation du système immunitaire fait partie d’une réponse normale et saine. Cependant, et en particulier dans COVID-19, la réponse inflammatoire est si puissante qu'elle entraîne des lésions pulmonaires aiguës (LPA) et dans les formes les plus graves, le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). La prise en charge standard de ces syndromes respiratoire est basée sur la minimisation par ventilation mécanique des lésions pulmonaires.
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Les dommages de COVID-19 ne se limirtent pas aux poumons : l’étude actuelle souligne avec justesse que les dommages ne se limitent pas aux poumons, mais peuvent également comprendre un impact durable sur le contrôle central de la respiration. Ainsi, cibler les régions du cerveau qui régulent notre respiration pourrait être une part importante de la thérapie non seulement de ces insuffisances respiratoires aiguës mais aussi lors du sevrage de l'assistance ventilatoire.
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Une preuve de concept pré-clinique : Le concept est ici vérifié chez des rats modèles de lésions pulmonaires. Les chercheurs constatent en effet que les zones cérébrales qui contrôlent la respiration sont également affectées. Ils identifient également une inflammation dans la zone du cerveau qui génère le rythme respiratoire. Lorsque les scientifiques injectent des anti-inflammatoires non stéroïdiens dans le système nerveux central de l’animal, ils constatent une réduction de l’inflammation, à la fois dans le cerveau et dans les poumons. Â
Globalement, ce traitement du cerveau permet de réduire les effets des lésions pulmonaires.
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Les circuits du tronc cérébral jouent un rôle clé dans la physiopathologie et la récupération du système respiratoire à la suite d'une lésion pulmonaire associée à COVID-19. « Le traitement clinique des maladies respiratoires se concentre généralement sur l'adoption de protocoles ventilatoires qui protègent le poumon contre d'autres lésions pulmonaires et les recherches actuelles se concentrent sur la réparation et la restauration du tissu et de la fonction pulmonaires. Cette étude suggère que nous devons également cibler le système nerveux central et la neuro-inflammation pour traiter complètement les lésions pulmonaires aiguës ».