COVID-19 : Trop de cytokines et plus assez de lymphocytes T
Cette nouvelle étude de revient sur l'une des caractéristiques les plus frappantes de COVID-19, cette réponse immunitaire violente qui peut se déclencher, brusquement, dans les cas les plus sévères. Cette explosion ou tempête de cytokines, endommage les poumons et d'autres organes, et peut être fatale. Cette équipe de la Wuhan University nous apporte une nouvelle compréhension de la façon dont le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 affecte l’hôte et suggère de nouvelles options pour amortir le choc.
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L’étude caractérise en effet la maladie par deux phénomènes majeurs, les es tempêtes de cytokines et le faible nombre de lymphocytes T, ce qui apporte de nouveaux indices pour traiter COVID-19. En synthèse, l’équipe chinoise montre que cette forte réponse immunitaire inflammatoire peut entraîner l'épuisement des cellules T, ce qui prédispose les patients au risque d’infection secondaire.
La tempête de cytokines abaisse le nombre de lymphocytes T ce qui accroît la sévérité de la maladie et le risque de complications.
C’est le premier constat des chercheurs chinois qui ont identifié un nombre particulièrement faible de cellules T, un type de globule blanc qui joue un rôle crucial dans la réponse immunitaire chez les patients très malades.
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Le nombre de cellules T est négativement corrélé avec la sévérité, et la concentration élevée de cytokines -une protéine qui aide normalement à lutter contre l'infection l’est positivement. C’’est bien l’excès de cytokines qui déclencher cette réponse inflammatoire excessive connue sous le nom de tempête de cytokines, et qui induit ces protéines à attaquer les cellules saines.
Le coronavirus n'attaquerait donc pas directement les cellules T, mais déclencherait plutôt cette libération incontrôlée de cytokines, qui conduit à l'épuisement des cellules T et aux complications sévères de COVID-19.
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Quelles implications pour le traitement ? Si l’étude nous explique, pour la première fois, de manière extrêmement claire l’évolution de la maladie, elle suggère aussi aux cliniciens l’intérêt « d’accorder plus d'attention au nombre de lymphocytes T et à leur fonction, plutôt qu'à la fonction respiratoire des patients », commente l’auteur principal, le Dr Yongwen Chen.
Alors, intervenir de manière précoce chez les patients lymphopéniques ?
Compte tenu du rôle central des cellules T dans la réponse contre les infections virales, en particulier au stade précoce où les anticorps ne sont pas encore stimulés, les cellules T apparaissent en effet comme une cible clé. Dans cette étude, sur 499 patients atteints de COVID-19, 76% avaient des niveaux de lymphocytes T anormalement bas. Les patients en soins intensifs avaient un nombre de cellules T encore plus faible, tout comme les patients les plus âgés. Les cellules T analysées semblaient épuisées et dysfonctionner.
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L’équipe va maintenant chercher à identifier les sous-populations de cellules T « clés » dans l’évolution de maladie et les médicaments, dont les antiviraux, capables de renforcer leur fonction.
En attendant, cette recherche nous en apprend beaucoup sur la manière dont le nouveau coronavirus attaque l’hôte et détourne son système immunitaire.