COVID-19 : Un antiparasitaire expérimental bloque le clivage de la protéine de pointe
Un médicament expérimental testé dans le traitement de la maladie de Chagas, une maladie « cardiaque » parasitaire pourrait incidemment « stopper le COVID » soutient cette équipe de virologues et pharmacologues de l’Université de Californie - San Diego. A la recherche de traitement pour les maladies parasitaires négligées, l’équipe montre qu’un inhibiteur nommé « K777 » peut aussi bloquer une protéine clé, la cathepsine L, dans le processus d’infection à SARS-CoV-2. Ces travaux, publiés dans la revue ACS Chemical Biology ont déjà donné lieu à un premier essai clinique.
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L’auteur principal, le Dr James McKerrow, doyen de la Skaggs School of Pharmacy and Pharmaceutical Sciences de l'Université de Californie à San Diego est un expert des maladies tropicales négligées dont font partie les infections parasitaires endémiques des pays en développement. Parmi ces maladies « négligées », la maladie de Chagas (ou trypanosomiase américaine), causée par le parasite Trypanosoma cruzi qui entraîne une maladie cardiaque chronique et une insuffisance cardiaque chez environ une personne atteinte sur 3. Le parasite produit l’enzyme cruzaïne (Cru) qui l’aide à se répliquer et à échapper au système immunitaire. A la recherche d’inhibiteurs de la cruzaïne, pour stopper la maladie de Chagas, l’équipe a identifié un inhibiteur K777 qui pourrait aussi stopper COVID-19.
Un inhibiteur de la cruzaïne qui pourrait aussi inhiber une enzyme nécessaire à l'infection COVID-19
On sait aujourd’hui que le clivage de la protéine de pointe du SARS-CoV-2 (Spike) est une étape essentielle dans le processus d’infection : sans ce clivage, le coronavirus ne peut pas s'accrocher et infecter les cellules humaines. Or une protéine apparaît essentielle pour cette étape, l’enzyme humaine cathepsine L. Cette protéine ressemble et se comporte de manière presque similaire à la cruzaïne. Un inhibiteur de la cruzaïne pourrait donc bien, en théorie inhiber l’action de la cathepsine L et donc bloquer l’infection COVID-19.
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De faibles concentrations de K777 suffisent à inhiber la cathepsine L et à réduire la capacité du SARS-CoV-2 à infecter des lignées cellulaires hôtes, démontre l’équipe in vitro. De plus, alors que K777 inhibe une enzyme humaine et non le virus lui-même, les chercheurs font l’hypothèse d’un moindre risque de mutation du virus en réponse au traitement. Cependant, K777 ne se montre pas aussi efficace sur toutes les lignées cellulaires. Son efficacité dépend en fait des niveaux de cathepsine L ou d'ACE2, le récepteur que la protéine de pointe du virus utilise, à la surface des cellules hôtes, pour s'accrocher après avoir été clivée par la cathepsine L.
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Ces premiers résultats laissent espérer une bonne efficacité du K777 à bloquer COVID-19. Un essai clinique de phase I a déjà confirmé la sécurité du candidat. Un essai clinique de phase IIa chez des patients COVID-19 non hospitalisés est planifié pour la fin 2021.