COVID-19 : Un défi de trop dans les zones de crise humanitaire
Avec plus de 400.000 cas confirmés de COVID-19 dans 169 pays, ce qui suggère quelques millions de cas en réalité, l’épidémie poursuit sa propagation, y compris dans des régions déjà touchées par les crises humanitaires. Ce commentaire dirigé par des experts en humanitaire de l’Université de Dartmouth et publié dans l'International Journal for Equity in Health, cherche à sensibiliser à la vulnérabilité de ces populations déjà confrontées aux conflits ou aux catastrophes naturelles et qui n'ont pas accès aux produits essentiels, dont la nourriture, un abri et les soins de santé.
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« Plus de 168 millions de personnes dans le monde auront besoin en 2020 d'une aide humanitaire », avait déclaré l’ONU, avant l’émergence de COVID-19. Certaines régions ne disposent d’aucune infrastructure, d’aucun soutien et d’aucun système de santé pour mettre en œuvre une réponse globale de santé publique. L’épidémie COVID-19 associée au nouveau coronavirus, SRAS-CoV-2, pourrait représenter une menace immense pour ces populations déjà durement touchées.
Là où les mesures d’hygiène et de prévention les plus basiques deviennent un défi
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Des facteurs aggravants : les populations touchées par les crises humanitaires seront particulièrement vulnérables au COVID-19, en raison des déplacements, du surpeuplement, de la malnutrition, de l’accès insuffisant à l’eau et à l'hygiène et de la stigmatisation. Les épidémies réduisent encore l'accès à des soins de santé déjà limités en raison d’une surcharge persistante des systèmes de santé. Les situations de crise accroissent la difficulté de fournir des informations précises aux populations concernées. Au-delà de l’absence ou de la pénurie, dans ces pays, de personnel médical qualifié et d'équipements de protection individuelle (EPI),
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Le lavage des mains est un défi : « Le lavage fréquent des mains qui nécessite l'accès au savon et à l'eau potable n'est généralement pas une option pour les personnes vivant dans des zones de crises humanitaires », remarque Danielle M. Poole, membre du département de géographie de Dartmouth. « Ce sont des populations qui ne disposent pas d’accès à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène (WASH).». L’auteur rappelle que de précédentes recherches ont montré que la mise à disposition de savon aux ménages en contexte humanitaire peut augmenter le lavage des mains de 30%.
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Le maintien de la distance sociale est un défi également pour ces populations touchées par les crises, qui vivent généralement dans des conditions de surpeuplement. Dans ce contexte, créer des espaces de confinement est quasiment impossible.
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Toute mesure est complexe à mettre en œuvre : alors que la communauté internationale répond à l’épidémie COVID-19 en prévenant la transmission dans les établissements de santé, en détectant les cas infectieux, en traçant les contacts, en apportant des soins de soutien, en testant de nouveaux traitements, toutes ces mesures sont particulièrement difficiles à mettre en œuvre dans les contextes humanitaires.
- les services limités de santé publique, d’analyse et de soins primaires réduisent considérablement l’accès aux tests ;
- former les personnels de santé et les équiper avec des EPI, ce qui représente déjà un défi dans nos pays, est une gageure en contexte humanitaire ;
- tracer les contacts est impossible avec les déplacements fréquents de population ;
- confiner les personnes malades est complexe avec le surpeuplement.
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Les lignes directrices actuelles pourraient ne pas suffire lors de la pandémie actuelle de SRAS-CoV-2 pour ces zones déjà sinistrées. Il est urgent de développer des interventions adaptées aux besoins des populations en situation de crise humanitaire et des systèmes d’information claire et transparente dans la réponse mondiale à la pandémie de COVID-19.