COVID-19 : Un risque méconnu de neuropathie périphérique
Cette étude d’une équipe de cliniciens de la Washington University School of Medicine révèle un effet encore mal documenté de l’infection COVID-19 : un risque plus élevé et durable, de neuropathie périphérique. Les symptômes tels que les douleurs neuropathiques, les picotements et les engourdissements dans les mains et les pieds peuvent ainsi persister des mois après le diagnostic de COVID- 19. Ces conclusions, documentées dans la revue Pain, souhaitent sensibiliser les cliniciens en charge de patients présentant ces symptômes.
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« Il est fort probable que nous puissions encore aider ces patients, même s'il n'existe pas pour le moment de critères de diagnostic clairs ni même de syndrome reconnu connu sous le nom de neuropathie périphérique COVID », ajoute l’auteur principal, le Dr Simon Haroutounian, chef de la recherche clinique au Washington University Pain Center. L’analyse qui révèle une incidence beaucoup plus élevée de ces symptômes neuropathiques chez des patients jeunes et autrement en bonne santé et positifs au COVID-19, suggère une forte association entre l’infection COVID-10 et le développement de cette « neuropathie périphérique COVID ».
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C’est le constat en pratique clinique de cette équipe de cliniciens de la Washington University : une prévalence élevée de symptômes de neuropathie périphérique, chez des patients testés positifs au cours des premiers mois de la pandémie. De précédentes preuves de la littérature sur les séquelles neurologiques possibles après un COVID sévère ont incité l’équipe à mieux caractériser la survenue et la gravité des symptômes de neuropathie périphérique chez ce groupe de patients. Par ailleurs, les chercheurs rappellent que plusieurs infections virales, telles que le VIH et le zona ont déjà été documentées comme associées à la neuropathie périphérique- car les virus peuvent endommager les nerfs.
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L’étude a suivi ainsi plus de 1.500 patients testés pour le SRAS-CoV-2 au cours de la première année de la pandémie. Précisément, l'équipe de recherche a évalué des patients testés pour le COVID-19 sur le campus médical de l'Université de Washington de mars 2020 à janvier 2021. Sur les 1.556 participants à l'étude, 542 étaient positifs et 1.014 étaient négatifs. L’analyse révèle :
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une incidence multipliée par 3 des symptômes de neuropathie périphérique chez ces personnes testées positives
avec, notamment, des douleurs, des engourdissements ou des picotements dans les mains et les pieds ;
- près de 30% des patients testés positifs pour COVID-19 signalent ces symptômes de neuropathie au moment du diagnostic ;
- chez 6% à 7% d'entre eux, les symptômes persistent pendant au moins 2 semaines ;
- chez certains patients les symptômes peuvent persister jusqu'à 3 mois, ce qui suggère, pour les auteurs, que le virus pourrait avoir des effets persistants sur les nerfs périphériques ;
- 29 % des patients testés positifs mais plus jeunes et en bonne santé et plus jeunes ont signalé ces symptômes de neuropathie au moment de leur diagnostic, vs 13% des participants avec comorbidités et testés négatifs pour COVID-19 : cette donnée, bien que d’association, suggère bien une implication du virus dans l'apparition des symptômes de neuropathie périphérique ;
- seule une minorité de ces patients va rechercher ou bénéficie d'un traitement pour ces douleurs neuropathiques.
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« Il est important de comprendre si une infection virale est associée à un risque accru de neuropathie. Dans le cas du VIH, nous avons mis plusieurs années à réaliser que l’infection pouvait provoquer une neuropathie et de nombreux patients n’ont donc pas reçu de traitement pour ces douleurs associées ».
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Les auteurs souhaitent donc sensibiliser leurs collègues à cette incidence possible de neuropathie périphérique chez certains patients COVID-19 : « il est probable que nous puissions encore aider ces patients, même s'il n'existe pas pour le moment de critères de diagnostic clairs ».
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Enfin, l’étude ayant été menée avant les premières vagues de vaccinations et avant l'émergence des variantes delta ou omicron, et il est difficile d’évaluer l’impact de ces variables en termes d’effets neuropathiques.